Archives mensuelles : juin 2022

En appeler au miracle

Le miracle est un concept métaphysique, mais nullement théologique, car si la métaphysique est une physique, la théologie n’est qu’une idéologie. Ce concept n’est donc pas religieux et échappe donc à la question de la foi. Croire ou ne pas croire au miracle ne tient pas de la foi. Et je ne poserai pas la question en ces termes. Car le miracle, c’est un peu comme le boson de Higgs. On peut considérer le concept comme nécessaire à une métaphysique donnée, encore faut-il pouvoir le dénicher, l’observer et pouvoir ainsi apporter quelque crédit à cette théorie métaphysique.

Quelles sont donc les caractéristiques communes de ce boson – je parle du miracle – dont l’existence pourrait paraître impossible tant qu’on ne l’a pas mis en évidence. J’ose une définition, en retenant trois de ses caractéristiques : sa logique, sa probabilité, sa sémiologie.

En premier lieu, il ne contredit pas la logique : on ne verra jamais, pour prendre cette idée cocasse chez Rabalais, des femmes enfanter par l’oreille. Par contre, qu’un homme mort ressuscite, ce que l’on sait être impossible, ne contredit pas la logique.

 Ensuite, sa probabilité doit être, à l’arrondi près, de zéro. Par exemple que Philippe Poutou gagne les prochaines élections présidentielles, ou que, dans les années qui viennent, Emanuel Macron prenne sa carte du Parti Communiste.

  Enfin, son occurrence doit faire sens, dans un contexte donné, pour celui qui est directement affecté par l’évènement.

On sait que Blaise Pascal conservait cousu dans son habit un vade-mecum qu’il avait rédigé pour se rappeler en permanence le miracle dont il avait été le témoin et l’acteur la nuit du 24 novembre 1654. Pour ma part, sans vouloir me comparer à Pascal, j’ai assisté, assez clairement, le 26 octobre 2021 à un miracle, peut-être pour la première fois de ma vie. Qu’en conclure quand on n’est pas croyant ? Rien. Je vis avec cette expérience, un peu bouleversé quand même, et j’ai longtemps hésité avant d’en parler.

A vôté !

C’est fait, les Français ont voté ; ou plutôt, non ! majoritairement, ils s’en sont abstenus. Et s’ils n’ont pas voté à 53,77 %, ils ont refusé au Chef de l’état la majorité. Et dans ce cadre singulier de la Cinquième république, la REM ayant été désavouée, le Président n’a pas de légitimité gouvernementale et la grande majorité des députés – qui ont obtenu la majorité d’une minorité de votants –, non plus…

Mais on ne manquera pas de continuer à déclarer à l’occasion que la France fait partie des « grandes démocraties », de ces grands pays occidentaux qui prétendent façonner le monde à leur image et dont l’un est dirigé par un vieillard sénile, l’autre par un jeune homme puéril.

L’humanité a su concevoir deux types de démocratie, correspondant à des civilisations aux valeurs opposées : la démocratie directe pour un monde guerrier, viril, dont les premières vertus étaient l’honneur, le goût de la liberté, l’individualisme ; et un monde bourgeois, efféminé, dont les premières vertus sont le gout de la compromission, l’égalitarisme et le conformisme. Hier la guerre, aujourd’hui le commerce. Chaque civilisation a donc dû adapter un mode de démocratie : dans les cités grecques, une démocratie directe et aristocratique, en occident chrétien, une démocratie représentative et populaire. Mais le fait est que notre démocratie a été dévoyée par la bourgeoisie et l’administration. Aujourd’hui elle a cessé d’être populaire et nos représentants, non seulement ne sont pas représentatifs, mais ils ne représentent pas les citoyens, mais des partis politiques.

Notre système est donc en faillite, et il vaudrait mieux en sortir, donc tourner le dos à notre Cinquième république présidentielle (de Gaulle est mort) et ne pas retourner à la Quatrième (donc combattre l’organisation partisane). Il y a des solutions, elles sont connues. Mais pourquoi voulez-vous que les tenants du système lâchent ce système qui constitue leur rente ?