Covid 19 – une occasion de sortir la tête du sable

La pandémie continue et va continuer, et le pic n’est pas atteint en Europe. Chacun, confiné, c’est-à-dire retranché dans son intimité, attend le retour de jours meilleurs. Et personnellement, cette attente me prend la tête, m’empêche de faire des projets et de réfléchir sereinement. Pourtant, malgré la mort qui rôde et l’isolement imposé, il faudrait rester optimiste (les moins de quinze ans ne courent aucun risque ; il faudrait encore faire des projets, échanger et essayer de penser la situation quand les médias bavards qui tournent en boucle sur la crise s’abstiennent de toute analyse au fond en évitant de poser les bonnes questions.

Nous n’étions pas prêts, matériellement, psychologiquement, à affronter pareil drame qui, dans nos vieux pays, touche particulièrement une population âgée comme jamais. Et on voit aujourd’hui que si notre système de santé était adapté à la situation – le nombre suffisant de lits disponibles, assez d’appareils respirations et de masques, des équipes formées, nos EHPADs protégés et confinés – notre perception de la crise serait toute différente. Et peut-être aurions-nous fait le choix de la Grande-Bretagne (abandonné depuis) ou de la Hollande (qui s’y tient) de laisser le virus contaminer la population dans l’espoir d’atteindre rapidement le seuil d’immunité grégaire naturelle. Et nous nous serions « contentés » de recevoir au fil de l’eau les malades symptomatiques et de les traiter. Et nous n’aurions pas eu, en sortie de crise sanitaire, une crise économique beaucoup plus grave que celle de 2008, et dont on mettra plusieurs décennies à s’en remettre.

Mais nous n’avions pas la logistique prête, car je crois que nous n’avons pas encore compris qu’en violentant quotidiennement la nature, ce qu’hier on nommait accident, catastrophe, allait devenir notre quotidien comme pour les Japonais les tremblements de terre. Il va donc falloir être cohérent, soit changer notre modèle de développement, repenser les problèmes démographiques, la mondialisation, la consommation à outrance, soit, si nous sommes décidément trop addictes à tout cela pour y renoncer, construire dans chaque région, chaque ville, chaque immeuble, chaque maison peut-être, les espaces protégés équipés, permettant aux gens de survivre à la prochaine catastrophe. Car les scientifiques nous le disent, l’accroissement déraisonnable de la démographie qui conduit non seulement à la promiscuité humaine, mais aussi à la relégation dans des zones de plus en plus chichement comptées des animaux, conduit au développement de virus, à leur mutation rapide et à leur passage d’une espèce à l’autre (de la chauve-souris au pangolin, à l’homme). Et ce n’est qu’un exemple des dérèglements graves que l’homme provoque.

Car l’homme n’est pas raisonnable et il est gouverné par des hauts fonctionnaires prétentieux et irresponsables, se convainquant mutuellement quotidiennement d’avoir raison, par le simple fait de penser la même chose ; en fait, de penser ce qu’ils ont tous appris à penser dans une école qui les a tous formés à la même idéologie aristocratique, comptable, et mortifère, et que le Président Macron envisage de fermer pour la rouvrir sous un autre nom, une forme très peu différente, mais les mêmes enseignants et la même idéologie (tout changer pour que, surtout, rien ne change). L’homme n’est pas raisonnable. Il va donc devoir vivre protégé de ses congénères par des masques hygiéniques ou des casques à visière transparente, très souvent confiné chez lui, dans des pays verrouillés par la police, et sans autre contact ou fenêtre sur le monde que ses écrans de télévision ou de smartphone. Il va donc devoir brader sa santé, ses libertés, pour continuer à mener une vie sans éthique, toute consacrée à la consommation. Et l’Hôpital va devoir assumer seul le devenir sanitaire de la population, les médecins de ville, généralistes ou spécialistes n’étant que des commerçants comme les autres, confinés en cas de risque sanitaire, donc comptant pour pas grand-chose lors de ces crises.

Et nous pourrons tous nous réjouir du progrès et de la supériorité d’une espèce ayant su s’extraite de la nature et la mettre au pas, puis créer des mégapoles inhumaines où il vit seul, cloitrer dans quelques mètres carrés hygiéniques, le cerveau vide, et les yeux fascinés par des images insipides sur un écran de verre.

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