Covid 19

En Italie, la barre des 4 000 morts du COVID 19 vient d’être franchie, après que celle des 10 000, dans le monde, l’ait été il y a quelques jours. C’est une catastrophe dont il est prématuré de dresser le macabre bilan. Mais on sait déjà qu’en Italie, cette année, le coronavirus fera un peu plus de morts que les accidents routiers, et qu’en France, il aura tué pendant cette crise, l’équivalent de 20, 30 ou 40 % de la voiture.

C’est un drame dont la vraie mesure, faite de douleur, est nécessairement subjective, comme toutes ces tragédies qui se mesurent aussi en fonction de la distance entre le mort et les vivants qui témoignent. C’est néanmoins un drame que je ne veux pas minimiser, mais qu’il me faut relativiser, c’est-à-dire mettre en perspective pour soutenir, mon propos. En mars 2011, un tsunami touchait le Japon et causait les dégâts que l’on sait à Fukushima. On comptabilisera 18 500 morts, mais combien de deuils pour qui aura perdu un parent, un ami, un voisin, un collègue au travail ? Le tsunami de décembre 2004, plus meurtrier encore, aura fait près de 250 000 morts et des dégâts innombrables. Le célèbre séisme de 1755 à Lisbonne avait fait entre 50 000 et 70 000 victimes, rien que dans la capitale.

Quant aux pandémies ! La grippe espagnole (virus H1N11,2) qui doit son nom au roi d’Espagne qui en mourut était déjà un virus chinois – comme dit Trump. De 1918 à 1919, elle aura fait plus de victimes que la Première Guerre mondiale, tuant plus de 30 millions de personnes. Au Moyen-âge, entre 1347 et 1351, la peste noire, une bactérie nommée yersinia pestis, aurait décimé plus de la moitié de la population européenne, soit environ 25 millions d’âmes renvoyées à leur créateur, mais cette peste est réapparue dans les décennies suivantes faisant près de 100 000 millions de victimes dans le monde. Purge infernale.

Et je pourrais continuer cette nécrologie, mais à quoi bon ? Oui, à quoi sert de rappeler ces tristes séquences ?

 

Après la Chine, l’Occident est très touché, l’Europe est à l’arrêt. La crise économique qui s’annonce va être profonde et provoquera d’autres drames, innombrables et non comptabilisables. Et nous allons, une fois de plus, prendre la mesure de la fragilité du système intégré et financiarisé que nous avons construit. L’État français dépend, pour plus de la moitié de ses revenus, de la TVA : plus d’activité, plus de rentrées de TVA. Le coût des matières premières est en chute libre. Les valeurs refuges, dont l’or, se déprécient fortement. Les États vont devoir emprunter massivement pour payer leurs fonctionnaires, inonder les marchés de liquidités, soutenir l’économie. La monnaie va suivre la courbe baissière des autres valeurs et les banques vont souffrir obligeant les gouvernants à les sauver en faisant payer les contribuables qui toujours, en bout de course, payent et se font tondre pour que les riches restent riches et que les banques continuent à faire des profits annuels qui se chiffrent en milliards sans création de la moindre richesse. Les impôts vont donc augmenter fortement, mettant la France et l’Europe dans l’état de la Grèce des années 2008-2010.

Il serait donc temps, plus que temps, de réinterroger notre système et notre mode de développement.

Mais je crains, et j’avais besoin de dresser cette triste, sommaire et incomplète comptabilité mortuaire pour le montrer, que cette crise sanitaire – je ne veux pas la minimiser –, mais aussi économique – elle sera plus dure qu’en 2008 –, morale et politique, ne soit qu’une nouvelle occasion manquée pour se poser, au calme de nos intimités confinées, mais reliées par la toile ; l’occasion ratée pour engager une réflexion politique puis un profond mouvement de réforme.

Demain, nous achèverons de payer la note, et recommencerons comme avant, en attendant la prochaine crise et les suivantes, et, un jour, ce mur vers lequel nous progressons et sur lequel il faudra vient que l’on se fracasse un jour. Peut-être trop tard.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *