Droit et sources des droits

Les Français qui défilent chaque samedi, qu’ils soient antivax ou bien vaccinés refusant le pass sanitaire, le font aux cris de « liberté, résistance ». La question de la liberté, bien qu’elle soit centrale, n’est pourtant pas présente dans les débats autorisés, je veux dire orchestrés par la médiacratie. Mais c’est sur la question corollaire des droits que je voulais porter un regard particulier, quitte à revenir plus tard sur ce qui se joue vraiment avec le pass sanitaire.

Notre déclaration de 1789 consacre les droits de l’homme naturels et imprescriptibles. C’est une approche, non seulement intéressante, mais qui me convient bien. Je défends cette idée qu’il y aurait grand danger à jouer les apprentis sorciers et à vouloir nier ou dépasser les lois de la nature. Et ce pourrait déjà constituer un clivage politique essentiel, notamment entre deux formes d’écologie, entre les progressistes qui veulent à tout crin se confronter à la nature, la dompter, la subjuguer – de toute façon, l’exploiter et la surexploiter – et ceux qui acceptent son autorité et sont prêts à la respecter. Sur ce registre, je dis parfois qu’il faut cesser d’humaniser la nature et, par contre, renaturaliser l’homme. Et quitte à retrouver une religion, je préfère Spinoza à Paul de Tarse.

Même s’il s’agit d’une construction conceptuelle, on peut considérer qu’il y a bien deux types de droits, les naturels et les autres, politiques ou sociaux ; et, dans cette optique, je défends l’imprescriptibilité des premiers. Mais encore faut-il revenir à l’épistémologie pour définir le concept de droits naturels, voir où cela nous mène et s’interroger plus avant sur la notion d’imprescriptibilité. Je ferai tout cela, rapidement, en précisant déjà que ce sont ceux que la nature ayant fait l’homme lui a donnés : le droit de penser, et je suis sensible à cette possibilité de le faire sans être « entendu » ; celui de parler, donc de dire ce que l’on conçoit ; celui de marcher, donc d’aller d‘un point à un autre suivant nos besoins ou notre humeur. Surtout, avant tout autre, celui de vivre, donc de trouver dans la nature le minimum de ce qui nous est nécessaire. Mais si ces droits sont « octroyés » par la nature, alors ils le sont pareillement pour tous les êtres vivants qui, du point de vue de la nature, sont de même valeur, j’allais dire de même nature. Cela posant alors aussi la question du droit « naturel » de vivre pour ce million d’espèces biologiques que nous avons détruites, depuis un demi-siècle et à jamais, et notre droit à détruire l’environnement. Quant à l’imprescriptibilité, si tant est que ces droits soient « prescrits » par la nature, alors ils le restent et nul n’est besoin de le déclarer solennellement, sauf à ce que ces prescriptions doivent aussi être confirmées ou infirmées par l’homme – on pourrait conceptualiser que la nature octroie et que l’homme prescrit ; l’humain se mettant alors au-dessus de la nature. Je ne suis pas sûr que cela me convienne…

Quant aux droits politiques, à l’évidence, ils sont au moins de deux natures : ceux que l’on revendique et ceux qui nous sont accordés (octroyés) ou retirés. Cette distinction étant fondamentale, s’agissant de liberté.

 

En fait, ce que je voulais dire, c’est qu’il n’y a pas de philosophie politique sans philosophie du droit, donc sans une forme de cohérence dans l’établissement de principes juridiques qui ne devraient pas être de simples références, parfois mobilisées, souvent méprisées, mais des sources auxquelles il faut régulièrement revenir s’abreuver. L’occident est dans une impasse, faute d’être en capacité de répondre aux questions de la liberté et de l’environnement. Sauf à laisser les choses en l’état, ce qui serait un suicide, il faudra bien revenir aux questions existentielles, à savoir : qu’est-ce qu’un homme et quel doit être son rapport à la nature ?

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