L’irrésistible complexification du monde

Comme le début d’une nouvelle année est traditionnellement l’occasion de prendre quelques résolutions avec la naïveté de croire qu’elles tiendront plus que quelques jours, je m’étais promis de ne plus parler politique et de me consacrer à des sujets plus sérieux et surtout moins déprimants. J’aurai donc tenu une semaine ; ce n’est pas si mal !

J’ai lu la prose d’un haut fonctionnaire qui, sans le dire aussi carrément, défend l’idée que le monde est devenu si compliqué et si interconnecté qu’il ne peut plus être géré que par des experts intervenant au niveau international. Mais quid de la démocratie ? Et je retrouve dans cette pétition de principe tout l’argumentaire du Forum Économique Mondial créé par Klaus Schwab. À tel point que je regrette de ne plus pouvoir y répondre dans mon dernier essai (l’Hydre de Lerne) – terminé, mais pas encore publié.

Je conçois et admets volontiers cette irrépressible complexité du monde : irrésistible, mais pas insurmontable. Si les choses en sont arrivées à ce point de mise en danger de ce qui fait l’homme en tant qu’homme, alors ne faut-il pas plutôt, pour éviter de mourir de ce mal, consacrer tous nos efforts à simplifier le monde ? Je vois dans la remarque de ce petit fonctionnaire – on peut être haut perché et petit à la fois – qui me fait réagir ainsi, une erreur fondamentale de perspective. C’est celle du médecin qui face à la maladie essaye de la soigner, mais qui, à aucun moment, ne va se poser sérieusement la question de ce qui a causé la maladie et de sa capacité à intervenir sur ces causes pour éviter que le mal ne gagne d’autres patients. S’investir dans les soins en négligeant la prophylaxie, c’est tout le problème de notre modernité.

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