Nos amis les bêtes

Notre république est congénitalement tortue. Non pas qu’elle manquerait de célérité dans son fonctionnement, mais elle est voilée, foireuse, et j’en appelle ici, et à longueur de chroniques, à sa réforme. Elle s’affirme, dès son préambule, comme « démocratique, laïque et sociale »[1]. Or, elle n’est ni démocratique ni laïque et si peu sociale. Je ne saurais donc y adhérer ou consentir à des votations qui ne sont que des occasions de soumission à cet ordre des choses qui me répugne.

La France n’est pas une démocratie : je pense en avoir fait suffisamment la démonstrationPlaidoyer pour une démocratie populaire[2].  La France n’est pas une république laïque : j’en vois chaque jour mille exemples. « Mais encore ? », me dira-t-on.

Tenez ! Un article m’interpelle sur un nouveau cas de cruauté relevé dans un abattoir qui a dû être fermé. Pourtant, la loi interdit certaines pratiques ; et plus précisément, l’article 16 de la Convention européenne sur la protection des animaux à l’abattoir prévoit que « Les procédés d’étourdissement doivent plonger l’animal dans un état d’inconscience où il est maintenu jusqu’à sa mise à mort définitive, lui épargnant toute souffrance évitable ». Cette convention a été acceptée par la France ; et la règlementation a encore été renforcée par une Directive européenne 93/119/CE qui confirme que « Les solipèdes, ruminants, porcs, lapins et volailles, doivent être étourdis avant abatage, ou mis à mort instantanément ». Au passage, on peut regretter que nos amis de l’écologie politique ne se préoccupent pas de cela, préférant, quitte à s’occuper des animaux de rente, militer pour la sécurité des cyclistes, prisonniers des couloirs de bus, ou pour le mariage des homosexuels. Pauvres bêtes !

Remarquons, plus sérieusement, et puisque c’est là où je voulais en venir, qu’une très forte proportion d’animaux sont abattus en France, chaque année, sans être étourdis, en dérogation des textes européens, et à la demande des communautés juives et musulmanes qui cultivent, par tradition, une forme de cruauté.

Que des religions puissent obtenir des dérogations à un texte qui fait partie du corpus règlementaire de la république et qui vise au respect de l’animal, montre assez que notre république n’est pas laïque ; puisque la première définition de la laïcité, c’est bien que les lois religieuses doivent s’effacer devant les civiles, surtout quand elles prennent une dimension morale, et sont un vrai progrès.

[1]. Dès son article premier : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. »

[2]. Voir mon essai : «Plaidoyer pour une démocratie populaire »

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