De l’indifférence citoyenne

L’indifférence peut-elle être un choix militant ?Haut du formulaire

Face à une actualité déprimante, l’annonce de la nomination, par la maire de Paris, d’une DJ (on l’appellera la BB) comme Directrice artistique de la « Nuit Blanche 2026», m’a surpris, voire agacé. En effet, j’aurais imaginé une personnalité, moins clivante, dont les compétences ou l’art incarnaient la culture de notre capitale, plutôt qu’une militante woke, représentant une minorité aujourd’hui discriminée positivement, et que se définit elle-même comme « Activiste féministe, lesbienne et grosse » – un modèle discutable pour une jeunesse, alors que l’obésité est devenue un enjeu majeur de santé publique.

Et puis, hier, la nomination d’un nouveau gouvernement – majoritairement macroniste, fruitautre d’une discrimination positive et inclusive – m’a finalement convaincu d’une chose : tout cela n’a pas tant d’importance, et surtout ne mérite ni réaction ni commentaire. L’immobilisme verbeux et les choix idéologiques ne justifient plus l’indignation.

La désobéissance civile, héritage de Gandhi.

Gandhi reste dans nos mémoires pour sa pratique de la désobéissance civile, concept que j’aime à rebaptiser « civique » ou « citoyenne », afin d’en souligner la dimension politique et militante. Bien qu’il n’en soit pas l’inventeur, il l’a popularisé avec la réussite que l’on sait dans sa lutte pour la libération de l’Inde.

Cette idée ancienne et stoïcienne, dont il faudrait faire toute la généalogie, trouve aussi écho chez La Boétie, dans cette formule, que l’on pourrait croire sortie de la bouche du Mahatma : « Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre ». Elle s’applique déjà à l’impérialisme britannique et résonne encore. 

Du refus à l’indifférence : une nouvelle forme de militantisme.

Si j’ai voulu, précisément dans ce triste contexte, évoquer la désobéissance citoyenne, c’est pour introduire et promouvoir une autre approche militante, plus adapter à notre époque, et qui mérite d’être conceptualisée pour éviter le malentendu. C’est celui de désintérêt civique – ou citoyen. Comment passer de la désobéissance à l’indifférence ?

Une posture, à la fois engagée et distancée, entre tolérance et mépris. Et qui peut correspondre au choix assumé d’un militant libertaire non violent, assez proche d’un Gandhi ou d’un Martin Luther King.  

Une position médiane, donc, entre tolérance et mépris. Non pas mépris pour la classe ou la chose politique, mais comme un reflet projeté sur un espace de médiation, par le mépris que ceux-là ont pour nous.

Conclusion : l’art de s’abstraire de ce qui n’est pas essentiel.

Que l’État profond nomme qui il veut ! Ne commentons plus, ne réagissons plus. Tout cela ne nous concerne pas. C’est un théâtre pervers qui se joue sous nos yeux : détournons-nous, écoutons de la musique, partons respirer l’odeur frais et parfumé de l’automne dans les bois et les campagnes. L’indifférence, parfois, est la plus radicale des réponses.

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