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Le dilemme : Hannah Arendt ou Ayn Rand…?

Il y a du symbolique dans ces deux grandes figures de la philosophie américaine contemporaine ; pas seulement en elles-mêmes, même si ces deux femmes ont quelque chose de fascinant, mais par leurs positions, semble-t-il opposées, comme deux planètes orbitant de manière symétrique autour d’un point de lumière que l’on nommerait LIBERTÉ… et que l’on qualifierait de source vive (fountainhead).

Elles sont de la même génération ; Arendt étant née en 1906 et son ainée, mais de si peu, en 1905. Toutes deux étaient philosophes, avec un gout pour la philosophie politique, et surtout un amour inconditionnel et passionnel de la liberté, amour qu’elles ont prioritairement défendu dans leurs ouvrages et leurs différentes prises de position : La liberté sinon rien…!, pour reprendre une formule éculée ou, pour citer Arendt, « La plus ancienne de toutes les causes, celle, en réalité, qui depuis les débuts de notre histoire détermine l’existence même de la politique : la cause de la liberté face à la tyrannie ». Et elles l’ont fait de manière très féminine, c’est-à-dire radicale, absolue, utopiste. Les femmes sont en cela souvent plus déterminées et plus cohérentes que les hommes ; elles savent aller au bout des choses et je veux bien avouer que mon panthéon littéraire est assez féminin, ce qui ne déplait pas vraiment au mâle blanc occidental que j’assume être – pour reprendre cette expression et la brandir comme un chiffon rouge au bout d’une hampe taillée en pique. Et j’aurais rajouté à ces deux noms, ceux de Simone Weil et d’Etty Hillesum, comme on lie une sauce, en cuisine, ici politique, avec des éléments existentiels et métaphysiques. Et si je rajoute encore un nom, celui d’un homme, d’Élysée Reclus, ce n’est ni par vantardise ou souci puéril et un peu pédant d’étaler une prétendue culture, ni du fait du disfonctionnement mental d’un éjaculateur précoce… de citations… on va le voir. Non, c’est qu’avant Camus, Reclus est Ma référence politique, mon Frédéric Bastiat à moi si je peux me permettre ce clin d’œil à Charles Gave, sauf que celui-là était géographe et non économiste ; et qu’en le citant, je joue la transparence sur l’endroit « d’où je parle ».

Mais revenons à nos deux philosophes américaines, la première classée à gauche, en fait à gauche de la gauche, et l’autre à droite, inspiratrice de Reagan, très à droite ; tout cela sur un échiquier très théorique qui parfois me semble plus cyclique qu’hémicyclique. Et ces deux femmes se sont battues, non seulement pour les libertés individuelles, mais surtout, et de manière conjoncturelle, contre les deux totalitarismes de leur siècle qu’elles avaient côtoyés de près, et avec une sensibilité très particulière du fait de leur judaïté. Arendt, née en Allemagne, avait fui le nazisme en 1933 après avoir été arrêtée par la Gestapo puis relâchée. Rand, de son vrai nom Zinovievna, née à Saint-Pétersbourg, avait déjà quitté la Russie bolchevique en 1925.

Mais ce bref rappel de deux trajectoires, deux météores qui se sont donc, à un certain moment, mis en orbite autour d’une idée fixe, me paraissait essentiel, car il illustre bien comment on peut être à la fois proches et éloignés. En réalité, cet article aurait pu pareillement se titrer « Philosophies libertaire et libertarienne ». Et je ne fais pas une comparaison qui serait assez ridicule entre les personnalités et les partis pris comparés de ces deux intellectuelles et la position que je veux défendre face à Charles Gave, que j’ai un peu lu et avec lequel je partage non seulement cet attachement viscéral aux libertés individuelles, mais probablement bien d’autres choses. Et si je nommais Élysée Reclus, c’est que, comme lui, je suis écologiste – le mot n’existait pas à son époque –, militant non violent, féministe –  du « genre » Bérénice Levet si l’on peut me comprendre, encore une femme que j’admire, mais peut-être ai-je un problème avec les femmes… de sans doute trop les aimer –, naturiste, au sens philosophique du terme, et puis… libertaire. C’est à dire tout le contraire de la pastèque évoquée dans le livre de Charles Gave (vert dehors et rouge dedans). Mais je suis de gauche, d’extrême gauche, et donc contre Sartre et pour Camus, contre LFI et pour… l’abstention. Quand Arendt vient en France en 52, elle déclare dans une lettre à son mari que la seule personnalité intéressante qu’elle y a trouvée c’est Camus – et disant cela, elle pense aussi à Sartre, « l’agité du bocal ». Je reprends ses mots : « Hier, j’ai vu Camus ; c’est sans aucun doute le meilleur en France à l’heure actuelle, il dépasse les autres intellectuels de la tête et des épaules ». Oui, elle reconnait un homme qui n’avait aucun complexe à défendre des positions et des amitiés clairement anarchistes ; et qui déclarait, et c’est là où je voulais en venir : « Le grand évènement du XXe siècle a été l’abandon des valeurs de liberté par le mouvement révolutionnaire, le recul progressif du socialisme de liberté devant le socialisme césarien et militarisé. Dès cet instant, un certain espoir a disparu du monde, une solitude a commencé pour chacun des hommes libres ». Et cette citation résume bien ce que je veux déclarer ici, précisément sur le site de l’Institut Des Libertés. Les amoureux de la liberté positionnés à droite, ce que je respecte, qui dénoncent et condamnent, parfois avec beaucoup de talent, d’intelligence et de cœur, « Les Horreurs de la démocratie » (Nicolas Gomez Davila, mais Nietzche avant lui…), font trop souvent l’erreur de confondre démocratie et parlementarisme et de réduire la Gauche au néomarxiste. Historiquement, il existe une autre gauche, celle de Proudhon – pour faire court… et éviter de me faire traiter à nouveau de pédant –, incompatible avec celle des laudateurs de Marx et de tous ceux qui l’on moins compris que défendu. Et lors de la Première Internationale, cet autre socialisme, individualiste et non collectiviste, anti étatique, a été mis au ban du mouvement révolutionnaire, au point que lors de la guerre d’Espagne, relire d’Orwell « Hommage à la Catalogne »… non, relire tout Orwell… – c’est vrai que j’ai oublié cet autre frère de ma famille libertaire – les staliniens, sur ordre de Moscou, ont préféré faire gagner Franco plutôt que de renforcer le parti anarchiste qui combattait les fascistes républicains. Continuer à oublier cette gauche et à tirer à vue contre « LA GAUCHE », c’est faire le jeu des néomarxistes ; de même que continuer à dénoncer l’écologie, sans distinguer Écologie et Écologisme, c’est accorder bien facilement une légitimité, une épaisseur à Mme Rousseau qui n’en a aucune.

Je suis donc de gauche et je rêve, pour reprendre la formule de Proudhon, d’un « Ordre sans État », mais, étant pragmatique, je pense que l’État est malheureusement un mal nécessaire. Et je crois à la démocratie directe et, dans un livre déjà ancien, je proposais comme réforme institutionnelle urgente qu’un tiers au moins de nos députés soient élus par tirage au sort, m’accordant sur la formule de Montesquieu qui, dans « l’esprit des lois », déclarait que « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie ». Mais Arendt n’y fait-elle pas écho quand elle remarque que « Les partis, en raison du monopole de la désignation des candidats qui est le leur, ne peuvent être considérés comme des organes du Peuple, mais, au contraire, constituent un instrument très efficace à travers lequel on rogne et on domine le pouvoir populaire » ?

Et je suis un libéral… Mais quand la liberté des grands groupes s’appelle licence et ruine celle des petites gens, je veux d’abord être un libéral qui défend la liberté économique des plus faibles, une certaine « common decency ». Je veux défendre la liberté de vivre décemment de leur travail des petits producteurs de lait contre Lactalis, comme celle des paysans modestes contre la grande distribution qui les étrangle. Mais les anarchistes ne sont pas nécessairement contre le Marché. Je citais Rand, mais je le faisais comme libertarienne et pour faire pendant à Arendt – on aura compris l’artifice rhétorique d’opposer ces figures emblématiques –, j’aurais pu citer Voltairine de Cleyre… quel beau prénom…, une anarchiste américaine qui se définissait, un demi-siècle avant Rand, mais étrangement si proche d’elle, en s’opposant à une militante communiste de sa génération : « Mademoiselle Goldman est une communiste ; je suis une individualiste. Elle veut détruire le droit de propriété ; je souhaite l’affirmer. Je mène mon combat contre le privilège de l’autorité, par lequel le droit de propriété, qui est le véritable droit de l’individu, est supprimé. Elle considère que la coopération pourra entièrement remplacer la compétition ; tandis que je soutiens que la compétition, sous une forme ou sous une autre, existera toujours et qu’il est très souhaitable qu’il en soit ainsi ». Oui, n’en déplaise aux uns, à droite, ou aux autres, à gauche, c’est une militante de l’ultra gauche qui affirmait cela.

Mais pour ne pas faire plus long et ne pas rester sur le sol américain, je veux revenir à Camus parlant de la liberté, bien meilleur avocat que moi, mais tout aussi pessimiste que moi sur l’avenir, ce qui me distingue encore de Charles Gave : « La société de l’argent et de l’exploitation n’a jamais été chargée, que je sache, de faire régner la liberté et la justice. Les États policiers n’ont jamais été suspectés d’ouvrir des écoles de droit dans les sous-sols où ils interrogent leurs patients ». Mais il ne faut pas se méprendre sur ces termes. Contester « la société de l’argent », c’est, dans ces lignes, refuser, non pas l’économie de Marché, ni même le capitalisme, mais un capitalisme financier qui considère l’argent, non pas comme un outil de développement, de financement du progrès, une valeur de référence, d’échange, une récompense qui peut être légitime, mais comme une fin en soi et trop souvent comme un outil de domination et de corruption. Et l’exploitation veut ici dire la surexploitation, l’assujettissement, cette façon dont certaines entreprises françaises ont préféré pendant les trente glorieuses, plutôt que de payer des salaires décents aux ouvriers français, importer une main-d’œuvre étrangère corvéable à merci, et bientôt incontrôlable, quitte à la licencier plus tard, et en laisser alors la gestion à la collectivité. Ce que certains veulent encore faire en prétendant que « serveur dans la restauration » est un « métier en tension » et qu’il faut donc faire venir des immigrés pour pendre ces postes ingrats et très mal payés – postes qu’ils occuperont quelques mois avant de devenir dealer de crack. Charles Gave écrit que « nous ne sommes plus en démocratie, mais sous un système hybride que l’on devrait appeler une ploutocratie technocratique ». Je ne pense pas que nous ayons été jamais en démocratie, mais je crois dire un peu la même chose que lui en expliquant, depuis des années dans mes livres et sur mon blog, que nous sommes gouvernés par un attelage fatal du Marché et de la bureaucratie étatique – et supra étatique. Évidemment, quand je parle du marché, je ne parle pas du boulanger ou du garagiste de mon quartier ou des patrons de PME en général. Je parle de ces grands groupes qui ont les moyens de modifier nos vies et sont prêts à tout pour faire de l’argent, quitte à nous vendre, après nous les avoir fait désirer à coup de réclame mensongère, des produits dont nous n’avons aucun besoin ; et que rien n’arrête : destruction de l’environnement et des liens sociaux, déstructuration des sociétés, mise sur le marché de produits dangereux, corruption des élites, communication mensongère, etc. Et quand je parle de bureaucratie, je ne rends pas le modeste fonctionnaire responsable de tous les malheurs du monde. Mais si une vérité peut nous rendre libres – mais j’en doute un peu – il faut dire que depuis que les hauts fonctionnaires, notamment formés à l’ENA, sont entrés en politique, depuis que les grandes entreprises ont racheté tous les médias privés, depuis que les partis politiques ont renoncé à faire de la politique pour se concentrer sur la quête du pouvoir, depuis qu’une élite plutôt endogamique et cooptée a résolu par différents moyens (en Europe la construction de l’UE) de retirer tout pouvoir des mains du peuple – référendum est devenu un gros mot –, nous sommes dans une impasse. Et si l’on veut voir ce qui est au bout de cette impasse, il faut relire le « 1984 » d’Orwell (un livre de 1949) ou peut-être celui d’Ayn Rand « La source vive – The fountainhead » qui date de 1943, un très beau livre, bien que moins abouti, moins synthétique que celui d’Orwell.

Les droits de vivre et de mourir

Je l’ai souvent dit, et depuis longtemps, mettre un terme à sa vie, c’est parfois prendre acte que cette vie n’étant plus qu’une survie, on est déjà mort. Mais je conviens que cela pose un certain nombre de questions.

L’euthanasie a mauvaise presse… peut-être parce qu’entendre prononcer ce mot c’est curieusement – car sans rapport de sens – entendre « nazi » et y associer d’autres idées comme eugénisme négatif ou solution finale. Pourtant, il serait bon que l’on puisse enfin débattre de ce concept mal défini, mais aussi du suicide assisté qui me parait tout autant problématisable. Mais entendons-nous bien, être favorable à une problématisation n’est pas nécessairement être défavorable à la chose ; et il me semble qu’il faudrait déjà s’accorder sur des définitions qui peuvent se superposer, s’imbriquer, car dans l’un ou l’autre des cas, il s’agit bien de demander à la médecine de mettre un terme prématuré à une vie devenue insupportable.

Et si je devais mieux distinguer les situations, les démarches, c’est en prenant en compte celui qui décide d’en finir avec une survie qui n’a plus de sens. Car au bout du compte, qu’importe les raisons de ce désir d’en finir s’il est « raisonnablement » justifié : on devrait alors pouvoir le faire décemment. Et ce n’est malheureusement, tristement, pas le cas à l’heure où l’on parle d’inscrire dans la constitution le droit des femmes à avorter, droit que la loi leur accorde déjà et qu’aucun parti politique ne songe à leur retirer. Mais pourquoi passer ici de l’euthanasie à l’avortement ?

Je ne pense pas que l’affirmation de ce dernier droit ait sa place dans notre constitution qui n’est pas et ne doit pas être une charte des droits – M. Larcher l’a justement rappelé. Et si ce combat devait être mené, il conviendrait de le faire à un niveau international pour que soit révisée la Déclaration Universelle des Droits Humains, ou, à défaut, demander ici une révision de notre Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, afin que soit aussi, de ce fait, précisé que cet homme-là peut être aussi du genre féminin – ce qui n’était pas dans l’esprit des rédacteurs du texte de 1789 qui ont octroyé le droit de vote aux citoyens et l’ont refusé aux citoyennes. Mais si nous devons inscrire dans ce texte les droits fondamentaux (c’est déjà le cas, et « ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression »), il conviendrait de rajouter, non pas le droit d’avorter, mais celui de vivre et de mourir dignement, et peut-être celui de procréer – je pense à l’eugénisme… Ce qui emporterait aussi le droit à disposer de revenus décents et de mettre fin à sa vie proprement. Car on ne peut séparer droit de vivre et droit de ne plus vivre. Et je crois donc que cela mériterait un débat à une époque où ce droit de vivre est refusé à certains – je pense aux juifs qui, hier, se voyaient refuser ce droit par les nazis, et qui, aujourd’hui encore, se le voient contester par les islamistes –, et savoir le droit de mourir dans la dignité refusé à ceux qui souhaitent abréger leur souffrance… J’écoutais récemment Alain Delon qui, dans cet entretien daté de peu d’années, exprimait clairement ce droit d’une personne âgée à mettre un terme à sa déchéance quotidienne.

Quant à l’euthanasie, s’il s’agit de permettre à un médecin ou à la famille de décider qu’un malade qui souffre doit mourir, je comprends que l’on puisse s’effrayer des dérives possibles. Mais la liberté de décider, en conscience, de mourir me parait essentielle. J’ai vécu personnellement les morts de deux proches : l’un s’est accroché à la vie jusqu’au bout, et de manière déraisonnable – je veux dire que ce combat n’était plus dicté par sa raison et que la question de son euthanasie aurait pu être posée ; et l’autre a souhaité mourir, mais ne le pouvait pas et a dû agoniser trop longtemps, me laissant un souvenir très laid de ses derniers moments, rongés par le cancer. Refuser ce droit des individus à décider et à organiser leur mort, c’est démontrer à quel point notre système politique est injuste et méprise les droits fondamentaux humains. Ou peut-être, reste prisonnier d’une idéologie chrétienne ? Quant à soumettre la question à référendum, n’en parlons pas dans un système qui méprise pareillement la démocratie populaire. Mais gageons que si Mme Von Der Leyen en décidait ainsi, Emmanuel Macron, en bon petit soldat, modifierait très vite la loi française. 

La survie de l’agriculture française, une question existentielle pour notre nation..

On se souvient peut-être qu’Hitler avait soigneusement planifié le développement de l’Europe nazi en imaginant spécialiser les différents territoires du grand Reich (le Großdeutsches Reich) compte tenu de leurs spécificités « naturelles » ; et notamment, l’Industrie en Allemagne et l’Agriculture en France. Ce qui était assez logique, car, même si la France ne se réduit pas à une vaste exploitation agricole, l’agriculture n’est pas seulement économiquement essentielle, elle structure depuis longtemps l’identité même de notre pays, qu’il s’agisse de la culture ou des paysages.

Toucher à la paysannerie française, pousser les exploitants agricoles au suicide, c’est donc porter atteinte à notre identité : question existentielle. Et on aurait aujourd’hui envie de crier au fonctionnaire bruxellois : « Touches pas à mon paysan ! » Et parler de suicide n’est pas une figure de style censée dramatiser la situation. Yannick Jadot affirmait cette semaine sur France info qu’« un tiers des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté » et que « deux agriculteurs se suicident par jour ». J’avais déjà évoqué sur ce blog, il y a déjà quelques années, l’effarant taux de suicide des exploitants agricoles propriétaires de leur terre – près de 80 fois plus que la moyenne nationale. Et j’aimerais interpeller notre Président sur cette situation. Est-il normal que dans notre pays, les salariés perçoivent au moins le SMIC et bénéficient de 5 semaines de congés annuels, que les sans-emplois soient indemnisés, que certains immigrés n’ayant pas la nationalité française bénéficient d’allocations – tout cela étant très bien –, mais que, dans le même temps, des travailleurs de la terre dont certains ne peuvent jamais partir en vacances, vivent pour le tiers d’entre eux – j’ai regardé, ce serait peut-être le quart – sous le seuil de pauvreté ? J’aimerais l’interpeller et lui demander : « Depuis sept années, qu’avez-vous fait pour eux ? »

Mais allons au fond du problème. J’accuse la Commission européenne d’être, pour des raisons purement idéologiques, le fossoyeur de l’agriculture française, sacrifiée d’une part au nom d’une politique de normalisation outrancière de l’agriculture européenne, et d’autre part de la promotion d’un libre échange qui accepte de mettre en concurrence, sur notre continent, des produits aux qualités très contrôlées et des produits venant de pays « exotiques » qui ne respectent aucune règle, ni environnementale ni sociale. Cette ouverture « suicidaire » n’étant pratiquée ni par la Chine, ni par les États-Unis, ni par l’Inde.

Et j’accuse, pour des raisons tout autant idéologiques, Emmanuel Macron d’avoir sacrifié notre agriculture pour ne pas fâcher Bruxelles. Est-ce une faute ? Est-ce un crime ?

Notre problème, ce n’est pas l’existence de l’Europe comme entité géographique ou culturelle, ce n’est même pas l’Europe comme projet de coopération politique ou économique, c’est l’autocratique UE comme vecteur d’une idéologie liberticide et destructrice de valeur. Quand va-t-on remettre de l’ordre à Bruxelles ? Il est urgent de réaffirmer constitutionnellement la primauté de notre droit national sur le droit européen, d’annuler un certain nombre de normes qui s’imposent à nos agriculteurs, et de fermer nos frontières aux produits des pays qui ne les respectent pas. Qui aura le courage de le faire ? Et à ceux qui me disent : « ce n’est pas possible, on a signé des traités qui nous en empêchent ; on n’a donc pas le droit de faire cela ; on risquerait des amendes », laissez-moi répondre ceci :

De tout temps, on a signé des traités ; de tout temps on a, au pire violé, au mieux suspendu en l’attente de renégociation, ces traités. Prétendre qu’on ne peut pas contrevenir à la loi commune européenne, c’est prétendre qu’un automobiliste ne peut pas rouler plus vite que la vitesse autorisée. Notre quotidien à tous nous montre que l’on peut parfaitement, tout en en acceptant les conséquences, violer la loi, et chacun sait que si sa vie est en danger, ou qu’on doit conduire à l’hôpital un blessé grave, il se moquera des limitations de vitesse. Enfin, la France risquerait des amendes… laisse-moi rire ! …, C’est nous qui payons, c’est à nous de mettre aujourd’hui une forte amende à la Commission européenne, en refusant de payer une partie significative de notre contribution, au prétexte que son fonctionnement ne nous convient pas, et d‘en exiger une remise à plat. Quant au risque de se voir exclu de l’EU… autre crise de fou rire… le BREXIT nous a mis en position de force ; merci aux Britanniques ! L’UE accepterait-elle de ne fonctionner qu’avec l’Allemagne, ses satellites, et quelques pays du sud ? Un nouveau Reich allemand ? – traduire ici « Reich pour « Empire » – le quatrième…

On voit Gabriel Attal s’évertuer à trouver des solutions. Il ne pourra que creuser un peu plus le déficit abyssal de nos comptes publics en distribuant quelques aumônes qui ne règleront rien. Le problème est structurel ; rien ne pourra être réglé sans s’attaquer à la Commission européenne, au lobby agroalimentaire et à la grande de distribution, symboles de cet attelage fatal que je dénonce à longueur d’article, en ces termes, de la Bureaucratie et du Marché. Mais notre Président roule pour cet attelage et n’y touchera pas. Oui, le Président Emmanuel Macron, qui déclarait il y a peu qu’il n’existe pas de culture française (il ne parlait pas d’agriculture), ne fera rien de tout cela, car il adhère totalement à l’idéologie mondialiste et bureaucratique de la Commission, et il est aujourd’hui son complice avant d’être demain son candidat à la Présidence de l’Europe. Ayons donc au moins la pudeur de faire silence et de laisser les agriculteurs mourir tranquilles.  

Un réarmement démographique ?

C’est notre président qui en a parlé en ces termes, nous apportant de nouvelles preuves de ses talents de communicant. C’est bien un fils de com, pour le meilleur et pour le pire, capable de trouver toujours le mot juste pour marquer les esprits. Sandrine Rousseau, que je cite aussi peu que je l’apprécie, lui a répondu la semaine dernière plusieurs choses dont je reprends deux extraits : « Je vais vous dire et ça va être choquant, mais la baisse de la natalité fait partie des variables qui sont rassurantes » ; et puis encore : « On n’a pas besoin, pour notre système économique, d’avoir plus d’enfants et je le dis en tant qu’économiste ».

À l’évidence, voilà bien un sujet de fond qui mériterait un vrai débat, je veux dire authentiquement démocratique, puis la proposition d’un plan (croissance/décroissance) et une consultation populaire par référendum. Nous n’aurons rien de cela, car nous ne vivons pas en démocratie, mais dans un système de gouvernance où le pouvoir est partagé entre une classe politique qui a perdu de vue ses électeurs, des hauts fonctionnaires faillis, et les tenants du Marché qui ne voient que leurs intérêts.

Et si ce débat nécessaire devait alors lieu, il mettrait en lumière au moins quatre dimensions à la question démographique : géopolitique, économique, environnementale, sociétale. Et j’en néglige ici faute d’inspiration…

D’un point de vue géopolitique, et c’est là où l’on peut parler de réarmement, il faut bien considérer que la démographie est ou a été une arme. On sait que les politiques natalistes menées entre les guerres européennes ou mondiales avaient comme premier objectif de produire des combattants, voire de la chair à canon. Et on comprend que cette question doit travailler le gouvernement israélien. Car on se souvient de la menace lancée par Boumediene, l’ancien président la République Populaire et Démocratique Algérienne, à la Tribune de l’ONU en 1974 : « Avec le ventre de nos femmes nous vaincrons l’Occident ». Plus récemment, Recep Tayyip Erdogan a condamné les idées mêmes de contraception et de planning familial en ces termes : « Nous allons accroître notre descendance. On nous parle de planning familial, de contrôle des naissances. Aucune famille musulmane ne peut avoir une telle approche. Nous suivrons la voie indiquée par Dieu et notre cher prophète ». Faut-il se réarmer démographiquement en vue d’une guerre de civilisation ? Personnellement, je suis pacifiste, car je ne crois pas à la guerre comme solution à un quelconque problème. Mais un pays doit être suffisamment armé pour défendre son intégrité territoriale, ses citoyens et ses valeurs, et surtout l’être de manière dissuasive. Reste à faire les bons choix… Et peut-être vaut-il mieux, en la matière, faire confiance à la mécanique plutôt qu’à l’humain, produire des bombes aussi précises que possible plutôt que de la chair humaine combattante. D’ailleurs ce débat a déjà été tranché en France par Jacques Chirac qui, en préférant en 1997 une armée de métier à une de conscris, a confirmé l’importance « relative » du nombre de combattants. Et la France n’est pas Israël. En conclusion, on ne peut justifier la relance de la natalité dans un objectif de réarmement. C’est pourtant le terme qui a été choisi.

Sur l’aspect économique, qui est le seul qui intéressera toujours notre président, Sandrine Rousseau a raison, d’un certain point de vue… L’économie n’a pas besoin, pour produire, d’hommes et de femmes – ni bientôt pour livrer. Et de toute façon, compte tenu de tous ces fonctionnaires inutiles que l’on pourrait réaffecter à des tâches de production et nos millions de chômeurs – plus de sept millions déclarés à Pole Emploi, mais comme pour les immigrés, nul n’en connait vraiment le nombre –, la question n’est pas là. Même s’il existe objectivement des métiers en tension : chercheurs, médecins spécialistes, urgentistes, électromécaniciens bien formés, professeurs, électriciens automobiles, chefs d’équipe dans le bâtiment, secrétaires connaissant l’orthographe, hôtes ou hôtesses d’accueil dans les administrations – des vrais gens pour régler les problèmes en lieux et places des machines qui le créent –, etc., etc.  Et si l’économie a besoin de gens, c’est de consommateurs, quitte à ce que ces consommateurs soient sans emplois, mais allocataires aux revenus suffisants pour faire tourner les supermarchés et absorber la production chinoise. Mais cela au profit de qui ?

Et sur le plan environnemental, tout consommateur est évidemment un pollueur. Il suffit de constater comment la France s’est urbanisée en un demi-siècle et comment nous avons partout détruit, pollué…

Reste la dimension sociétale. Je continue à penser que la promiscuité est un facteur important d’accroissement de la violence. En France, comme partout en Europe et plus largement en Occident, nous sommes trop nombreux. Une décroissance de la population, au moins à court terme, « je vais vous dire et ça va être choquant » ça ne me fait pas peur. Quant à s’attaquer à la perte de la fertilité, c’est un enjeu de santé publique, chaque couple devant pouvoir librement choisir d’avoir des enfants ou pas. Mais reste le problème du grand remplacement qui, dans certains départements, est une réalité mesurable. Je lis dans l’excellente étude de Jérôme Fourquet de « La France d’après » qu’en Seine-Saint-Denis, depuis 2021, plus de la moitié des enfants déclarés portent à la naissance un prénom musulman. À partir de quel seuil sur l’ensemble du territoire (50 %, 75 %, 90 % ?) nos esprits bien-pensants accepteront-ils d’y voir un problème de société ? Mais j’ai peur que ce soit déjà trop tard.   

Reste la question, non pas de l’immigration, mais du grave problème de défaut d’assimilation d’une population trop nombreuses à ne pas partager les valeurs occidentales. Nous n’avons ni la vocation ni la possibilité de répondre à la misère du monde, mais seulement le devoir, dans une certaine mesure, de porter assistance à des personnes qui partagent nos valeurs et sont menacées dans leur pays pour des raisons idéologiques. Pour le reste, nous pourrions nous inspirer de certains pays comme le Canada, qui a une politique dynamique d’immigration : sur dossier, une immigration ouverte à des personnes qui maitrisent, à l’écrit comme à l’oral, la langue du pays d’accueil, qui déclarent partager ses valeurs, et qui peuvent justifier de ce qu’ils peuvent apporter : formation diplômante, savoir-faire, projet personnel…

Oui, Sandrine Rousseau…

Mais je rajoute trois lignes, sans vouloir jouer au petit Clausewitz. Si la question du réarmement démographique se pose en ces termes, peut-être vaudrait-il mieux transformer l’OTAN en Alliance Occidentale de Paix, alliance armée, puis rappeler à la Russie que, si elle devait se souvenir un jour de ses racines judéo-chrétiennes, cette Alliance pourrait lui était ouverte. Et puis être prêts à se défendre, sans agressivité inutile.  

Un peu de tambouille politicienne

Ne relisons que le premier article de notre constitution car le reste du texte nous gaverait un peu. On y affirme que notre République est « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Mais, comme les jeunes pourraient le dire s’ils s’intéressaient à ces sujets, c’est un peu du pipeau. Disons-le autrement : c’est une formule qui se veut performative, mais qui ne performe plus… vœux pieux d’une république laïque et sans âme qui n’a jamais été plus divisée (les territoires perdus de la république…), plus impuissance et fragile face à l’islamisation de la société, moins démocratique (usage inconsidéré du 49.3, et refus absolu des référendums…). Et son président, dont l’engagement européen ruine notre démocratie déjà fortement débilitée, est antisocial et, jusqu’à ces derniers mois, a beaucoup cédé aux musulmans radicaux à la grande joie de l’extrême droite qui sait que ces renoncements lui ouvrent grandes les portes du pouvoir.

Et il vient donc de remanier son gouvernent, restant fidèle à son principe : « Tout changer pour que rien ne change ». Il lui a donc fallu faire preuve d’imagination pour sortir de l’impasse où il se trouvait et promouvoir un schéma inédit, quitte à surprendre. Et dans le but de maintenir En Marche des institutions qui pourtant ne fonctionnent plus ; et maintenir son cap : brader la souveraineté nationale au nom d’une souveraineté européenne dont on ne comprend pas l’équation, contenir les classes populaires dans leur précarité, rouler cheveux au vent pour la haute bourgeoisie, quitte à sacrifier les classes moyennes. Il lui faut donc transférer le pouvoir, tout le pouvoir, à une bureaucratie européenne dont il se voit futur Président, mais aussi maintenir le reste en l’état quitte à opérer des corrections, recalages, replâtrages. Et tout cela « vendu » par des bonimenteurs rompus à tous les artifices de com, costume-cravate et main sur le cœur.

Oui, Emmanuel Macron est un conservateur bourgeois qui s’inscrit dans une filiation mitterrandienne. Mais il est intelligent, doué pour la com et les calculs politiciens. Et comme il n’a plus de majorité dans une Assemblée de plus en plus marquée à droite, il réinvente de manière assez habile la cohabitation qui s’impose. Il constitue un gouvernement de droite en puisant chez les Républicains, (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Rachida Dati, Catherine Vautrin, Christophe Béchu, Sébastien Lecornu) en prenant comme Premier ministre un proche, ancien socialiste. Si cela ne s’appelle pas innover… Et c’est l’avantage assez génial de se prétendre « ni de droite ni de gauche », ni du centre : From nowhere ! Un président de droite et un gouvernement de gauche, tout comme l’inverse, cela s’appelle une cohabitation (invention mitterrandienne), un président de nulle part et un gouvernement de droite ou de gauche, cela s’appelle… en fait, je ne sais pas… invention macronienne. Mais cela est nouveau, disruptif, et ne semble avoir qu’un objectif, celui de maintenir aux affaires ceux qui nous gouvernement depuis des décennies : les socialistes mitterrandiens et les républicains chiraquiens, ceux-là mêmes qui nous ont envoyé dans le mur – on se souviendra d’ailleurs que Jacques Chirac fut Premier ministre sous François Mitterrand et que leur mariage de circonstance fut plutôt harmonieux. Et tout cela « protège » notre constitution de toute réforme qui permettrait de repartir dans une autre direction. Comme un épandage de glyphosate qui, parait-il est un antibiotique, et qui stériliserait le Système en l’empêchant de muter. Mais si l’image vous gêne, parlons de la momification d’un corps politique garantissant sa stabilité biologique. D’autre, par d’autres images, nous expliqueront que, coincés dans de profondes ornières, notre véhicule institutionnel est prudemment à l’arrêt.

Et je conclus cette courte chronique sur un remaniement qui ne mérite pas plus d’attention, en ironisant sur les vœux que certains ont exprimé : « que ce nouveau gouvernement réussisse ». Mais réussisse à quoi ? Qui connait la feuille de route de M. Attal ? Qu’il réussisse à contenir les revendications des classes populaires en muselant le peuple ? Réussisse à empêcher aux prochaines élections européennes une déroute de Renaissance et un triomphe du Rassemblement National ? Réussisse à terminer le transfert de la souveraineté populaire vers la bureaucratie bruxelloise ? Réussisse à rendre les plus riches encore plus riches, quitte à rendre les plus pauvres encore plus pauvres ? Réussisse à éradiquer dans l’esprit des gens tout désir de liberté ? Qui peut le dire et qui peut comprendre un président capable d’autant de contradictions apparentes : nommer Gabriel Attal à l’éducation après Pap Ndiaye, ou Rachida Dati à la culture après Rima Abdul Malak – j’ai seulement retenu de cette dernière qu’elle avait été Directrice des programmes de Clowns sans frontières ; ça ne s’invente pas. Mais, dans le même temps, il conserve les mêmes ministres en charge du régalien (Finances, Police, Justice, Armées…). À croire que pour les ministères qu’il juge sérieux, il ne fait pas n’importe quoi, mais que, pour le reste, il s’en moque un peu et peut se permettre de faire de la com, de jouer, comme un gamin avec un hochet, de nommer même des ministres complaisants avec le wokisme pour donner quelques gages. Ce qui montre assez le mépris qu’il a pour ces ministères, mais aussi pour nos institutions qui sont appelées à disparaitre, dissoutes par les institutions eurépéennes.