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Non, la gauche n’est pas morte…

On célébrait donc en janvier le quatre-vingtième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Une occasion nécessaire de nous souvenir de la Shoah, d’en parler à des jeunes qui ne connaissent rien de ce drame majeur et matriciel. Je lis d’ailleurs avec effroi que 46% des jeunes Français âgés de 18 à 29 ans n’ont jamais entendu parler du mot « Holocauste » ou « Shoah ». Comment le croire ? Et connaissent-ils Staline ou Pol Pot ? On parle souvent de la faillite de l’École, la preuve est faite. C’est aussi une occasion de se reposer la question du mal, notamment du mal absolu. Mais je sais bien qu’Hannah Arendt, dans son livre sur le procès Eichmann, a dit l’essentiel.

Mais je ne souhaitais pas aller aujourd’hui sur ce terrain, mais parler d’autre chose. J’entends les médias de droite se réjouir que la France, comme de plus en plus de pays d’Europe, penche à droite : Raz de marée, submersion, le terme est à la mode ; et que la gauche est une idéologie faillie. Je ne suis pas sûr que ce soit si simple. Ni que la gauche, notamment l’extrême gauche, ce soit nécessairement un nouveau fascisme. Non, je ne suis pas sûr que ce soit si simple. Car il faut rappeler que depuis la Première internationale, il y a deux visions du socialisme qui s’opposent comme peuvent s’opposer des frères ennemis. À tel point que dès la Seconde internationale, l’un avait éliminé l’autre. Et que cette guerre fratricide a pris un tournant réellement dramatique lors du premier front populaire, et précisément dans le cadre de la guerre d’Espagne. Revenons-y…

Dès la naissance du mouvement socialiste, deux conceptions se sont opposées violemment. Faut-il rappeler que cette Première Internationale, fondée le 28 septembre 1864 au Saint-Martin’s Hall de Londres, avait pour objet de créer une Association Internationale des Travailleurs (AIT) à l’initiative des ouvriers français, anglais, allemands et italiens. Tous unis contre la bourgeoisie.

Mais très vite, dès 1969, un divorce apparait entre, d’un côté les tenants d’une vision étatiste et collectiviste du socialisme, et de l’autre une vision antiétatiste et individualiste. Le mouvement se divise alors, comme un pacte à l’encre à peine sèche que l’on déchire, entre partisans de Karl Marx favorables à un centralisme démocratique et tenant de la création de partis politiques, et les « antiautoritaires » réunis autour de Mikhaïl Bakounine et défendant la vision proudhonienne de la démocratie. Naissent ainsi deux mouvements, communisme et anarchisme.

Mais tout de suite, dès 1871, la défaite de la Commune de Paris et la répression qui s’en suit affaiblissent considérablement les anarchistes, qui préfèrent souvent se nommer libertaires, et rendent définitive la rupture entre les deux mouvements. Élysée Reclus, libertaire pacifiste, féministe, écologiste avant l’heure – le mot n’existe pas encore –, végétarien et accessoirement naturiste, un scientifique internationalement reconnu et apprécié, est pris les armes à la main, mais sans qu’il s’en soit servi.

Bakounine est exclu par le congrès de La Haye en 1872. Et puis, plus tardivement, cette aventure espagnole…

Le Front populaire est créé en 1936 en France, la même année qu’en Espagne, et pour les mêmes raisons : gagner les élections. Le « Frente Popular » nait à l’initiative de Manuel Azaña en janvier 1936. Il regroupe beaucoup de mouvements de gauche : Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), l’Union générale des travailleurs, le Parti communiste d’Espagne, le Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), divers partis républicains, des indépendantistes galiciens et catalans, les anarchistes de la Confédération Nationale du Travail. Puis la guerre d’Espagne va s’engager en 1937 et opposer les forces de gauche aux fascistes. Mais Staline, voulant privilégier le Parti Communiste au détriment de toutes autres forces de gauche et préférant prendre le risque de la victoire de Franco, demandera aux forces communistes de retourner leurs fusils contre les anarchistes et le Parti ouvrier d’unification marxiste. Orwell, qui a bien failli y laisse sa peau, a bien raconté ce fratricide dans « Hommage à la Catalogne ».

Dès lors les deux frères vivront leur vie, le premier ayant eu effectivement beaucoup d’enfants, et le second restant quasiment stérile. D’un côté une filiation « riche » : Staline (25 millions de victimes), Mao (au moins 50 millions de morts selon l’historien Frank Dikötte), Pol Pot (un génocide de près de 2 millions d’âmes – certaines sources évoquent plus de 3 millions). Hitler a, lui, tué 5 à 6 millions de juifs. De l’autre côté de cette fratrie, pas de parti politique, pas d’expérience politique à citer. On ne peut que mettre en regard des intellectuels, opposer Camus à Sartre ou bien citer Orwell, Hanna Arendt, aujourd’hui, d’une certaine manière, Michel Onfray, des gens de gauche qui défendent une démocratie anticommuniste, antitotalitaire, antiétatique, libertaire, et pourquoi pas souverainiste et attachée à une forme de nationalisme ouvert au monde. Et dont les valeurs pourraient être – c’est moi qui le propose ainsi – Liberté, responsabilité, solidarité. Une gauche, authentiquement de gauche, c’est-à-dire proche de ceux qui travaillent dans les conditions les plus difficiles et pour de faibles salaires, mais radicalement opposée au mélenchonisme qui n’est qu’un néomarxiste autoritaire comme un autre, opposée aussi au socialisme du PS, un étatisme étroit et woke, aux Verts, ces Khmers verts qui ne sont que des caricatures écologistes à la façon de l’ADEME qui veut se mêler de la façon dont on lave ses slips et ses soutiens-gorges. Et c’est à cette gauche libertaire que je reste fidèle, sachant que je crois que la disparition de l’état, ce mal nécessaire, comme la liberté, comme la démocratie n’est qu’un horizon que l’on qualifiera, selon ses choix, soit d’idéal soit d’une utopie, comme la cité de Dieu pour les chrétiens si l’on veut. Et rappelons que ce que souhaitent les libertaires, et notamment ceux absolument opposés à la violence, ce n’est pas le désordre, mais un ordre sans État.  Proudhon le dit ainsi : « L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir ».

On ne parle que de ça.

C’était donc son investiture (leurs investitures ?). Les médias en ont naturellement fait leur une. Et la chose les a surtout fascinés, au point qu’il ne semble plus possible depuis plusieurs jours de parler d’autre chose : Trump, Musk. À droite une exultation revancharde sans bornes, à gauche plus qu’une frustration, le déchainement d’une haine pathologique. Et si j’ai personnellement hésité à en parler, c’est que tout semble avoir été déjà dit, tout et son contraire, dans cette avalanche de commentaires. Mais, à défaut de porter ici une parole vraiment originale, je voulais, plus modestement, vous dire ce qui m’a touché. Car ce délire médiatique provoqué par ces deux hommes ne s’explique que par ce que cette élection nous dit de nous-mêmes, nous autres européens ; et nous déstabilise passablement.

L’élection de Trump ouvre aux États-Unis une séquence démocratique. L’homme a en effet été élu assez facilement, sur la base d’un programme radical et clair, qu’il va appliquer et qu’il a commencé à mettre en œuvre par décrets le jour même de son élection. Et il faudra bien que l’administration américaine, ce qu’il appelle « l’état profond », va fasse avec. Et je ne dis pas que si j’étais américain j’aurais voté pour ce programme, mais le peuple américain a majoritairement décidé d’être gouverné ainsi. Et par comparaison, ce qu’on peut remarquer, c’est qu’en France, c’est toujours l’état profond qui gouverne, et que les dernières élections, celles d’Emmanuel Macron, mais pas seulement, ont été l’occasion de prolonger un moment non démocratique où, bien que le Peuple s’exprime régulièrement, c’est toujours l’aristocratie des hauts fonctionnaires qui décide de tout et bloque toute évolution progressiste, au prétexte que « C’est pas si simple… », qu’« On ne peut pas changer les choses, parce que la Commission européenne… le Conseil constitutionnel… l’état de droit (qui a bon dos)… la Haute cour… nos traditions… etc., etc. ».

Et c’est bien ce qui m’a frappé douloureusement, d’un côté un chef d’État au service de son peuple, très ambitieux, qui renoue avec les valeurs traditionnelles et l’identité de son pays, et qui avance fort et dur – et on verra qu’elles en seront les conséquences pour l’Europe et la France –, et chez nous un chez d’état, au service de la technostructure européenne, de l’état profond, condamné à l’immobilisme, sans ambition pour un pays dont il conçoit l’avenir comme  de devenir une province d’un empire européen dominé par l‘Allemagne, un pays dont il disait il y a quelque temps qu’« il n’y a pas de culture française ». D’un côté de l’Atlantique un Pays qui fait le pari de l’industrie, de la recherche, de l’efficacité de l’État ; de l’autre un pays géré par des fonctionnaires, pour des fonctionnaires, qui continue à mépriser l’industrie, à brader son secteur de production, et dont l’état est de plus en plus obèse et improductif. Là-bas un pays qui choisit la liberté, notamment d’expression, ici un pays qui a toujours autant de problèmes avec les libertés individuelles. Je pourrais rallonger la liste, mais je préfère conclure en réaffirmant qu’il serait possible, ici, chez nous, d’appliquer une politique de gauche, vraiment démocratique, équilibrant son budget, recentrant l’état sur ses missions régaliennes et permettant aux talents français de s’exprimer. Mais pas sans recouvrer notre souveraineté. Le premier geste d’un nouveau président à l’écoute du peuple devrait donc être de proposer, par voie référendaire, une modification de notre constitution pour se donner les moyens d’agir… vite et bien. Et dans le cadre d’un état de droit rénové.

En regardant Tom

J’entends dire que la sagesse viendrait avec la maturité, avec la vieillesse peut-être… Mais moi qui ai atteint cet âge auquel les fruits de la sagesse seraient murs, de cet arbre du fruit de la connaissance du bien et du mal, qui fut, à juste titre, interdit au premier couple – sans doute trop jeune – moi qui, pour regarder mon avenir, le fait par-dessus mon épaule, moi qui ai tant lu, au point de pouvoir parfois briller sottement en société, moi, moi, je vois bien que je n’ai pas progressé d’un pouce, d’un ongle. Et dans le même temps, je lisais cette publicité d’un vague institut de formation qui proposait à de jeunes ados de les aider à trouver leur voie. Mais moi, retraité, je la cherche encore cette voie, et personne ne me propose de m’aider à la trouver.

J’ai beaucoup lu, peut-être mal, ou pas les bons auteurs, et longtemps étudié la philosophie pour tenter de comprendre deux ou trois choses qui m’obsédaient et ne me lâchent pas : la question du bien et du mal justement, les fondements de la morale… À quoi peut-elle servir, cette foutue morale ?

Montaigne, bien avant d’autres philosophes, avait compris en regardant des chatons jouer, que les animaux souffraient, prenaient du plaisir, avaient des émotions, des sentiments. Il avait d’ailleurs une chatte avec qui il jouait souvent : « Nous nous entretenons de singeries réciproques », disait-il.C’est en regardant Tom dormir à mes pieds que j’ai compris que la morale ne servait à rien. Tom est parfaitement amoral. Et toutes ces questions, il s’en fout. Mais il sent, éprouve des désirs et des peurs, connait ses besoins et cherche à les satisfaire. Il a des goûts affirmés, sait prendre des décisions sans se référer à la morale, et suit probablement ses intuitions. Et il est capable d’affection – et on connait ces histoires de chien qui se laissent mourir sur la tombe de leur maître. Car Tom est un chien plutôt sympa. Il y en a de gentils, d’autres de méchants, de peureux ou d’agressifs. Mais la morale, ils ne connaissent pas. La nature a donc produit des êtres vivants qui tous, ou presque – dont les mammifères supérieurs doués de sens, d’intelligence, d’intuitions, capables de nourrir et d’élever leurs petits, de se sacrifier pour eux – vivent sans recours à la morale, et sans forcément déplaire à Dieu. Ils ne sont pas, à l’image de la nature, immoraux, mais amoraux. Même la bête à bon Dieu aux élytres sang tachées de noire. Aucune morale !

La morale est donc le triste privilège de l’espèce humaine, le supplément d’âme d’un humain qui peut ainsi justifier le meurtre gratuit ou idéologique, le crime religieux ou politique, la haine génocidaire, l’éradication fatale des hétérodoxies morales. Vous avez vu ? Cette jeune fille en petite tenue sur le parvis d’une université iranienne… atteinte à la morale. Ah, si je pouvais me réincarner en raton laveur… et vivre dans une nature préservée, loin des hommes et de leur moralité.

Changement de régime

Si l’ancien régime, celui d’avant 1789 est mort, c’est qu’il était l’image surannée d’un monde qui avait déjà disparu. Et si le régime des partis, c’est-à-dire la cinquième république n’est plus, c’est que le monde a radicalement changé et que notre société s’est non seulement internationalisée, dénationalisée, mais archipelisée ; à savoir que le clivage idéologique binaire – gauche-droite, bourgeoisie-mondes agricole et ouvrier – n’est plus d’actualité. La société s’est aujourd’hui divisée en de nombreuses iles communautaires ayant chacune leurs centres d’intérêt, leurs exigences, leur vision du monde, leur réseau de communication cultivant l’entre-soi et le mépris des autres. Et l’idée même de nation semble morte. Il faut d’ailleurs reconnaître que la classe politique a tout fait pour dénigrer le nationalisme, en s’esquintant, après avoir porté aux nues les nationalismes ultramarins (vietnamien, algérien, calédoniens), à dénigrer le nationalisme français. Et la construction européenne est l’occasion d’achever la déconstruction des concepts de patrie, de nation, de peuple. Et dès lors, de même qu’on peut, comme Emmanuel Macron l’a fait, « déclarer qu’il n’y a pas de culture française », on peut déclarer que la France, donc le peuple français, ça n’existe pas. Et de promouvoir un humanisme qui refuse de privilégier ici les Français dont les droits spécifiques ne sont pas reconnus au prétexte d’égalité entre eux et les immigrés, et la boucle est bouclée. Il n’y a plus que des gens qui vivent ici, mais pourraient vivre ailleurs, tous pareils, tous indifférenciés par l’État. Seul le pouvoir de l’argent, donc le Marché peut encore différencier, ici comme ailleurs, une élite de nantis, souvent sans frontières, et une masse confuse de consommateurs, usagers de services de plus en plus chichement comptés. Mais ces gens, justement, voient les choses autrement.

Il nous faut donc inventer un nouveau système, qui ne s’appuie pas sur une certaine idée de la nation – concept abandonné, car non profitable au Marché –, ni sur des partis politiques qui avaient vocation à proposer un projet pour la nation, et facilement classables sur un échiquier hémicyclique, mais sur ces communautés d’intérêts souvent imbriquées et qui défendent une idée, un intérêt catégoriel, un pré carré assez étroit :  des souverainistes ou des européistes qui peuvent être indifféremment de droite ou de gauche, des humanistes internationalistes et des nationalistes, pour peu qu’il en reste, toutes sortes de religions voulant privilégier leurs dogmes, catho réactionnaires, musulmans conquérants, wokistes reconstructeurs et négationnistes, bobos écolo, LGBTQ – on rajoute à la fin le Q pour signifier le fond de l’affaire –, et puis, et puis… Mais aucun de ces groupes de pensée, de sensibilité n’a de projet pour la France ou ne souhaite créer ou rejoindre un parti politique capable, c’est leur rôle, de proposer un projet cohérent de société ; un projet aux dimensions politique (rapport au pouvoir, à la citoyenneté, à la démocratie, place de l’État), économique (droit des entreprises et des salariés), juridique (évolution des droits), environnementale (gestion des ressources). Car la raison d’être d’un parti politique, c’est bien de proposer un projet politique national. Mais cela n’intéresse pas une population largement dépolitisée, sans sentiment de classe et recroquevillée sur ses droits.

Il ne peut donc plus se constituer d’autres majorités que circonstancielles et les choix sont dorénavant ponctuels, conjoncturels. À l’image de ce logiciel, « Pol », qui sonde quotidiennement ses abonnés sur des questions d’actualité, en fait dans l’air du temps, un air raréfié en oxygène : questions très basiques, à courte vue, toujours binaires, et qui permet sur quelques jours de voir se dégager, pour peu qu’on le regarde ainsi, le lundi une majorité forte pour une décision de droite, le mardi, une autre, clairement de gauche, et ainsi de suite. Un logiciel qui pourrait remplacer un gouvernement si difficile à constituer et qui ferait bouger les lignes. Dans quel sens ? Probablement dans tous les sens, mais à l’image d’une époque où l’instantanéité, le zapping permanent, tient lieu de philosophie.

Mais l’autre raison de cette évolution, c’est que tout le monde a fait l’expérience de l’incapacité de la politique à nous dessiner un avenir. Et chacun a bien compris que cet avenir ne dépendrait nullement de la classe politique ou des partis constitués, mais des évolutions technologiques et sociétales que le Marché promouvrait pour garantir et augmenter ses sources de revenu. Ils mènent la danse, et il nous reste à danser en cadence, et suffisamment vite pour s’étourdir, jusqu’à tomber.

Macron, démission !

Je l’entends… comme si cette décision de notre président pouvait régler la situation. J’y suis évidemment favorable et je pense que ce choix assez improbable, mais gaullien, donnerait aussi à l’étranger une certaine image de la France. Mais cette crise politique qui intervient, et ce n’est pas un hasard, en même temps que d’autres, sociale, économique, financière, ne serait nullement réglée par un changement à l’Élysée et de nouveaux locataires au Palais Bourbon. Car notre cinquième république est morte, ou du moins agonisante, et nous ne reviendrons pas à la quatrième – car les Français ne renonceront pas à l’élection de leur Président au suffrage universel. Notre système majoritaire, notre dictature majoritaire si particulière et si liée au bipartisme droite-gauche, ne pourra plus fonctionner. Il faut donc tourner la page, comme celle d’un agenda. Et personnellement, cette agonie me parait déjà trop longue, trop pénible ; même les deuils ne doivent durer qu’un temps relatif. Il faudrait donc, puisque le présent sent déjà mauvais et que le retour au passé n’a pas de sens, avancer, fonder enfin cette sixième république. Et ce n’est pas techniquement difficile, mais il n’y a aujourd’hui aucune volonté politique de le faire ni aucun homme charismatique et médiatisé pour l’imposer. Et puis, deux remarques : Le peuple, lui, s’en fout, tant il est dépolitisé et désinformé par des médias principalement aux ordres. Quant au Marché, il n’a aucun intérêt à ce qu’un pouvoir fort et légitime, intervenant dans un système démocratique et sain, lui mette des bâtons dans les roues. Plus le pouvoir politique est faible, plus l’État est déliquescent, plus il aura les mains libres pour nous faire les poches. Mais comment allons-nous pouvoir continuer à vivre avec ce cadavre puant dans le séjour, cette odeur de charogne qui flotte dans l’air ? J’apprends qu’en rentrant chez lui un policier de la BAC 92 a été très violemment amoché à coups de barre de fer par des voyous. Ce n’est pas sans rapport. C’est même assez symbolique, cette façon dont les voyous peuvent gentiment tabasser l’État, sans que grand monde s’offusque ou que le système fasse sa révolution. Tout cela est devenu si banal : le trafic d’êtres humains à Calais, le marché de la drogue partout dans les quartiers, le vol pratiqué par certaines communautés nomades comme une activité professionnelle comme une autre, l’abandon des gens par le système. C’est tout un monde, le nôtre, celui dont certains se gaussent en le qualifiant de progrès : « Elle est pas belle la vie ? »