M. Valls déclare cette semaine à propos de la grève des pilotes d’Air-France qu’elle est « insupportable ». Que veut-il dire exactement en utilisant un mot si ambigu ? Que cette grève serait financièrement insoutenable pour la compagnie et pour l’économie française ou bien qu’elle serait intolérable, inadmissible, car exorbitante du bon sens ou de la moral ? Il me semble que de rajouter qu’elle « est insupportable […] pour l’image de la France à l’étranger » clarifie malheureusement son propos. Il n’accepte pas cette grève, ce que l’on peut comprendre, mais il le dit, ce qui me parait être une erreur. Et je m’étonne de cette déclaration d’un premier ministre en exercice. Car, soit il reconnait le droit de grève dans les termes qui sont ceux de notre législation, et il doit l’accepter quoiqu’il en pense, soit il considère que l’intérêt de la Nation ou de l’État justifie des limites à ce droit, auquel cas, non seulement il doit le dire, mais il doit aussi demander à l’Assemblée de légiférer pour poser ces limites. Mais en aucun cas, il ne peut contester à une catégorie sociale d’utiliser son droit.
Le tribunal prud’homal de Lyon vient de condamner la société Carrefour pour avoir licencié une caissière qui ne respectait pas son règlement intérieur qui stipulait que les personnes en contact avec la clientèle ne pouvaient arborer avec ostentation des signes politiques ou religieux (ici le port du foulard, …). Les deux partis peuvent faire appel. Mais le pouvoir politique va-t-il se saisir de cette décision, la contester devant les tribunaux, voire légiférer si cela s’avère nécessaire ? Il doit le faire, à un moment ou à un autre, pour au moins deux raisons : l’une de cohérence, l’autre pour préserver nos valeurs. Le règlement intérieur de l’entreprise avait été déposé auprès de services de la Préfecture qui avaient tout loisir de le contester. Les délégués du personnel de la grande surface auraient pu aussi le faire. Ils l’ont tous accepté. Le juge conteste ce règlement, tardivement, et trouble, me semble-t-il, la jurisprudence (se rappeler de l’affaire baby loup). Le principe de laïcité impose que dans les lieux publics, on s’abstienne de tenues religieuses : porter la cornette pour les bonnes sœurs, le voile islamique pour les musulmanes, … Au moment où un français se fait égorgé par des allumés du bocal qui prétendent, en massacrant un guide de montagne dont personne ne connait les options religieuses, défendre la cause de dieu, ne pas être intransigeant sur la laïcité ne serait pas une erreur mais une faute lourde.
Je note enfin la création par M. Bennahmias (ex Modem) d’un nouveau parti politique qu’il présente comme social-démocrate, écologiste, laïc et républicain. Une nouvelle escroquerie … Souhaitons-lui long feu.
Si ce parti est social-démocrate, au sens politicien du terme, il se satellisera autour de l’UMPS et ne sera donc ni social ni démocratique. Et comme la laïcité et la démocratie c’est la même chose, ou pour le dire autrement, ces concepts recouvrent le même objet politique, ce nouveau mouvement de non-pensée ne sera pas plus laïc. Quant à être républicain, qu’est-ce que ça veut dire ? Comment un parti politique pourrait-il ne pas l’être ? Attendons donc sans illusion le programme de ce parti pour y juger les mesures qui promouvront et la démocratie et la laïcité.