Jean GERMAIN s’est suicidé. Il n’aurait pas supporté l’idée de sa mise en examen dans une affaire assez pitoyable et sans grandes conséquences – si ce n’est la disparition d’un homme qui semblait estimé par ses anciens administrés et que sa mort a choquée. Si la compassion que l’on peut ressentir pour ses proches est naturellement en deçà des mots pour en témoigner, c’est surtout le gâchis que je ressens qui me fait réagir. Qu’un homme choisisse de mettre fin à ses jours en dit long sur la perversité d’un système qui pousse un élu à une telle extrémité.
Et loin de tout jugement, on peut essayer de comprendre ce qui s’est joué et dénoué dans son garage, par la décharge d’une arme à feu. Il aurait donc été blessé dans son honneur, incapable de supporter l’idée que son intégrité fût mise en cause. Son égo en aurait donc pris un coup. Honneur, égo, il m’est difficile de distinguer les deux, même si, en la matière, on peut dire la chose avec un mot qui l’élève ou la rabaisse. Pourtant, il n’est pas si rare de se voir accuser, voire condamner pour un délit qu’on n’a pas commis ; et se trouver confronté à l’injustice de la justice est une chose courante. En général, les gens se défendent, se battent et trouvent dans ce combat pour leur vérité de nouvelles raisons de vivre.
Mais n’a-t-il pas plutôt succombé à la corruption de la politique, à la perversion d’un système malsain qu’il faudra bien réformer un jour ?
Il a été maire de Tours pendant près de vingt ans … Comment cela est-il possible ? Comment le système l’a-t-il permis ? Comment le PS, si prompte à s’exprimer sur le registre des valeurs, a-t-il pu accepter que l’on bafoue ainsi les principes fondateurs de la démocratie ? Comment le dire avec assez de force : la limitation du renouvellement des mandats, comme du cumul est la base de la démocratie. Comment imaginer qu’après un mandat si long, un homme ne considère par l’hôtel de ville comme son hôtel particulier ? Maire, il ne l’était plus depuis un an, mais sénateur. Mais c’était aussi un homme remarquable et très remarqué par sa capacité à cumuler mandats et fonctions de manière déraisonnable. Depuis son retrait de la mairie, il avait quasiment tout perdu. Comment exister encore quand après avoir usé et abusé autant du pouvoir, on se retrouve écarté des feux de la rampe ?
Le pouvoir est dangereux. Il l’est pour ceux qui, du mauvais côté du manche, en subissent la violence. Il l’est aussi pour ceux qui l’exercent, en jouissent, s’en droguent, et à trop incarner de fonctions, se perdent, et s’aliènent, au sens philosophique ou psychiatrique du terme. Et il nous appartient, par des règles de santé politique publique, de protéger et la démocratie et les représentants de la nation de ces excès ravageurs.