Réponse à un philosophe qui, pour avoir rencontré Dieu, a souhaité faire un livre pour en parler ; et qui n‘a pas sollicité cette réponse qu’il ne lira d’ailleurs pas.
Je veux bien croire que cette rencontre a dû bouleverser sa vie, mais nullement d’une autre. Et sa vie n’est rien, ni à l’échelle d’un temps cosmique, ni à celle de l’humanité. Que pèse un homme face à l’humanité ? Rien. Je concède que cette rencontre est le tout de sa vie, l’alpha de sa renaissance au monde et l’oméga de sa vie d’avant, vie d’ignorance et de doutes. Mais ce tout est un rien, rien pour ses frères et sœurs en humanité, un non évènement qui ne changera la vie de personne et ne fera dévier l’horrible trajectoire de l’histoire humaine d’aucune fraction de degré. Et le raconter n’apporte rien de plus, car si raconter peut être utile ou salutaire à celui qui se raconte, c’est sans importance pour le cours général des choses. N’est pas Paul de Tarse qui veut, et le monde interdit désormais ce genre de bouleversement, à moins que peut-être, Thomas Pesquet, là-haut…
On s’étonnera de ces lignes, on y sentira sans doute percer de l’agacement, de la colère mâtinée d’ironie méchante. C’est vrai que parfois je me demande un peu à quoi Dieu joue. Principe d’ironie, de cruauté disait Audiberti dans l’Abhumanisme.
Dieu se fout du monde. C’est un peu comme une fille qui aguiche les uns et les autres, dévoilant un peu trop haut sous ses jupons la nacre de sa peau juvénile, mais pour finir, sainte-nitouche, par se refuser à tous, avant de coucher, plus tard, de manière assez sordide, sa vautrer dans le lit d’un voyageur de commerce ou d’un soldat de passage.