Peut-on opérer des rapprochements entre Alger et Paris, comparer des situations que d’aucuns qualifient de prérévolutionnaires de part et d’autre de la méditerranée ? Encore faudrait-il s’interroger sur ce qu’est une révolution, ce qui en fait l’essence ; et qui permettrait de dire qu’ici ou là, ici ou là-bas les choses en gestation sont de cet ordre.
Qu’est-ce qu’une révolution, si ce n’est une redistribution radicale du pouvoir ? Oui ! si les mots ont un sens, et s’ils les ont perdus en politique, ils les gardent encore en philosophie politique – et c’est bien ce qui distingue certaines de mes chroniques de simples discours politiciens –, alors, la révolution se caractérise par sa radicalité et sa violence, une façon de tourner la page ou de claquer la porte, brutalement.
Et c’est pourquoi, signe des temps nouveaux, le fait pour le candidat Macron de titrer son ouvrage programmatique « Révolution » est une escroquerie intellectuelle, du 100% pure com. Car qui peut affirmer que le projet de celui qui est devenu notre président est de redistribuer le pouvoir, alors qu’il déploie tous ses talents, qui ne sont pas minces, qu’il mobilise toute son énergie, et il en a à revendre, à « tout changer pour que surtout rien ne change » ? Il a mobilisé des marcheurs pour marcher avec lui vers l’Élysée où il siège aujourd’hui, entouré de ces marcheurs réduits au sur-place, au piétinement. Je ne sais s’il y aura dans notre pays à plus ou moins long terme une révolution, mais ce n’est pas d’Emmanuel Macron qu’il faut l’attendre, l’espérer ou la craindre.
La politique aujourd’hui, ce que je dénonce avec les GJ, c’est bien cet art de l’enfumage, cette façon systématique et portée au niveau d’un art abouti d’appeler les vessies lanternes, de nous présenter des contre-valeurs comme des valeurs à promouvoir et à défendre. Mais ce faisant, qui ne voit que l’on ruine l’autorité de la Politique et que, tuant la Politique, on tue aussi les espoirs qu’elle porte en elle ? Quitte à paraphraser à nouveau, je dirais que cet assassinat est plus qu’un crime, c’est une faute. Et le fait que celui qui la commet se prétend progressiste, alors qu’il s’agit bien de tout le contraire, fait sens, puisque dans cette revendication qui veut nous faire prendre un regrès pour un progrès, c’est encore et toujours de la com, raffinée à l’extrême, 100% pure et garantie par la marque « Macron ». La vraie révolution, ce serait peut-être aussi, une autre façon de faire de la politique, la fin du pouvoir de la com.