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Vous dites « Génocide »

Génocide ? M. Netanyahou mènerait une opération génocidaire contre les Palestiniens de la bande de Gaza. C’est évidemment faux et le fait que notre Président prétende ne pas savoir, souhaite laisser les historiens en décider, laisse entendre que, de son point de vue, c’est une possibilité à ne pas exclure. Mais il y aurait une façon simple de le savoir, ce serait de porter plainte et de laisser le droit international trancher. Mais, si aucun état ne portera la question devant les instances internationales, c’est que chacun sait bien que la plainte ne serait pas reçue. En effet, le droit, ici la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide – un texte adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948 –, a déjà défini ce qu’est un génocide : c’est un crime de masse, avec l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux par des actes tels que :

–       Atteinte volontaire à la vie des membres du groupe ;

–       Atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique ;

–       Soumission à des conditions de vie entraînant la destruction du groupe ;

–       Mesures visant à entraver les naissances ;

–       Transfert forcé d’enfants.

Cette définition étant reprise par notre Code pénal, en son article L. 211-1.

Qui peut défendre que l’état hébreu qui veut détruire le Hamas, groupe terroriste et reconnu comme tel, qu’il ait pour projet de détruire tout ou partie de la nation palestinienne ?

Et ce qui est bien déterminant en l’espèce, c’est l’intention de détruire. Qui peut affirmer qu’Israël souhaite éradiquer les gazaouis ? Même l’autorité palestinienne ne le dit pas. Et rappelons que certains Israéliens, notamment siégeant à la Knesset, sont des Palestiniens.

Mais certains aimeraient que la conception du génocide évolue et que toute destruction massive de populations puisse être qualifiée de génocide. Pourquoi pas ! Mais cela reviendrait à dire que la Grande-Bretagne, lors du dernier conflit mondial, et notamment à partie de 1942, a commis un génocide en Allemagne. Par exemple quand les avions de la RAF, en juillet 1943 (opération Gomorrhe) ont causé des dizaines de milliers de morts innocents (hommes, femmes, enfants) en bombardant Hambourg. Ou plus encore la tristement célèbre opération sur Dresde, en février 1945.

Mais élargir le concept de génocide, ce serait le banaliser, le ramener au rang d’un crime de guerre comme un autre, lui faire perdre sa singularité. C’est comme de dire que Gaza et Auschwitz, c’est pareil, ou encore que la France, lors de la conquête de l’Algérie, se serait comportée comme se comporteront plus tard les nazies. Et c’est encore comme de traiter tout opposant politique de fasciste ou tout membre du RN de nazie. Ou encore, osons le dire, de prétendre qu’un attouchement furtif sur une fesse, un fait condamnable et qui doit l’être, est un viol. À tout mélanger on ne relativise plus, on ne juge plus la chose pour ce qu’elle est. On la condamne sans discrimination ni mesure. Tout est pareil, tout se vaut. C’est au mieux du nihilisme, au pire de la communication politique, une dérive fatale à la démocratie.

Et il faut aussi dénoncer cet usage politicien de la publicité qui consiste à jouer avec les mots, au besoin à les violer pour les obliger à dire ce qu’ils ne veulent pas dire. Et à trop prétendre qu’une vessie est une lanterne, c’est bien le sens des mots qui se perd et leur usage qu’on stérilise. Le fascisme, tel que Mussolini l’a « inventé », a une définition relativement précise ; un génocide est un crime de guerre qui se singularise par son but et ses méthodes. L’utilisation industrielle des chambres à gaz, après récupération minutieuse de ce qui pouvait servir (chaussures, lunettes, dents, cheveux), est un raffinement très singulier.

Oui, les États-Unis ont commis sur leur continent un génocide amérindien. Non, ils n’en ont pas commis en déversant sur le Vietnam des quantités extravagantes de Napalm ; non, ils n’en ont pas commis en larguant deux bombes atomiques sur des civils à Hiroshima et Nagasaki. Et si la France a commis un génocide, c’est en Vendée. Mais cela reste à instruire, et on pourra se référer à la proposition de loi relative à la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794, déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale en 2007 par 9 députés.

Notre démocratie agonise depuis que juges et commentateurs médiatiques font la loi et bafouent l’état de droit. Elle menace de disparaitre depuis que les représentants du peuple ont été remplacés par de hauts fonctionnaires. Et depuis, comme le remarquait Hanna Arendt, que la politique est devenue « une variété des relations publiques », c’est-à-dire une usine à mensonges. Et c’est le triste signe de notre modernité consumériste. Et notre Président en est le meilleur promoteur. Au point que plus personne ne l’écoute.

La crise de l’autorité

Si certains discours de droite – par exemple ceux de M. Retailleau, bien relayés par M. Praud – me gênent, c’est tout sauf étonnant, car je continue à me considérer comme un modeste militant de gauche. Mais une gauche qui n’a rien à voir avec le centre droit macron-compatible du Parti socialiste, un parti de bobos qui a depuis les années 80 abandonné les classes populaires au Rassemblement National. Et encore moins avec les dérives stalino-révolutionnaires de La France Insoumise. Car, fidèle à Camus ou à Arendt, je ne crois pas aux révolutions qui ne sont que des occasions de régler ses comptes et de remplacer, à la tête de l’État, une bourgeoisie par une autre, et de suspendre les libertés pour un temps ; un temps qui en général dure.

Prenons la question, si lourdement posée par les commentateurs de CNews, de l’Autorité. Et sans avoir peur d’y mettre ici une majuscule. Mais poser la question en ce terme est déjà problématique. Mais comme il y a effectivement problème – voir le rapport d’une certaine jeunesse avec la police, plus généralement avec la loi –, je préfère parler d’un déficit de confiance. Et on m’objectera peut-être que c’est la même chose, qu’il n’y a Autorité que s’il y a confiance en la parole qui est censée faire autorité : en premier lieu celle des parents, mais aussi celle de l’enseignant, du scientifique, du juge, du médecin, du prêtre, des médias institutionnels, etc. Mais quelle confiance accorder ici ou là, quand nous baignons tous dans la propagande, le négationnisme, le prétendu complotisme.

Je pense que pour un homme de droite, l’autorité évoque plutôt la force et la soumission des gens du commun aux détenteurs de l’autorité (politique, policière, juridique, morale), soumission à tous ces gens de pouvoir qui promeuvent la moraline et défendent une bien-pensance qui peut sombrer dans le wokisme le plus radical. Alors que pour un homme de gauche, cette autorité procède d’une relation de confiance qui permet à chacun de s’abandonner aux institutions, par adhésion et non par peur des représailles. La défiance étant la vraie source de la perte d’autorité, et non la faiblesse de la répression.

Cette thématique a bien été développée par Hannah Arent, philosophe de gauche, mais aussi par Thomas Hobbes (toute autre époque), l’un des précurseurs, selon moi, de la laïcité. Que nous dit Hobbes dans le Léviathan ? Il nous dit que si on peut fonder un état par la force, il ne peut se maintenir que par le consentement des gouvernés, par l’idée d’un Contrat social plus ou moins explicite. Et ce consentement, cette adhésion nationale se construit bien sur la confiance ; par exemple sur la conviction qu’en matière de sécurité, on a tous intérêt à ce que l’État bénéficie du monopole de la violence et sache en user avec mesure.

Et c’est quand l’autorité fait défaut, du fait d’une défiance généralisée, qu’il ne reste plus à l’état qu’à utiliser la force comme substitue à l’autorité, et à glisser toujours plus sur la pente totalitaire. On l’a bien vu avec la crise du Covid. Beaucoup de Français ont douté de l’efficacité du vaccin. En réponse, l’État est allé très loin pour imposer sa vision des choses. On le voit aussi aujourd’hui avec l’environnement. Face au scepticisme généralisé, l’État est prêt à imposer à tous des règles liberticides, mais pour le bien des gens.

On pourra donc, comme les personnalités de droite le suggèrent, augmenter toujours le nombre de policiers et de caméras de surveillance, modifier le Code pénal pour augmenter les peines, construire de nouvelles prisons, raboter un peu plus les quelques libertés individuelles qui nous restent. Nous transformer en Chinois… Faire que « 1984 » ce soit ici et maintenant. Mais si l’on ne fait que cela, sans se préoccuper de recréer de la confiance, on aura peut-être rétabli une forme d’ordre – à l’image de l’Iran, où une femme qui refuse de se voiler peut finir par être pendue, au nom de Dieu ; on peut aussi, comme en Corée du Nord, mettre une balle dans la nuque des délinquants, ou encore, comme dans la Bande de Gaza, jeter les déviants depuis la terrasse d’un immeuble, afin qu’ils s’écrasent quelques étages plus bas. On peut faire régner un ordre plus strict, mais on n’aura pas recréé de confiance, donc d’autorité, on aura simplement créé du ressentiment, de la violence refoulée.

Comment retrouver un niveau d’adhésion à nos valeurs, à notre système ? Et la question est complexe, car comment faire adhérer des musulmans fidèles à leur religion, à un système politique laïc ? Pour cela, il faut s’attaquer au Système et se souvenir que la crise de nos prétendues démocraties vient du fait que le mensonge est devenu, grâce à la médiatisation du monde, aux réseaux sociaux, à l’omniprésence de la publicité, l’un des outils majeurs du gouvernement des masses. C’est pourquoi on ne comblera aucun défaut d’autorité, sans s’attaquer à cette fabrication de mensonges qui ruine toute confiance. Hannah Arendt, que j’ai citée et que j’ai à l’esprit, expliquait précisément dans « Du mensonge à la violence » que lorsque l’État perd son « pouvoir », son « autorité », il ne sait plus comment gouverner si ce n’est par la violence et le mensonge, le mensonge qui conduit inévitablement à la violence, à la violence de mensonge. Fatal cercle vicieux : crise de l’autorité, donc substitution de la force répressive à l’autorité, donc mise en place, avec tous les secours et les outils de la communication publicitaire, du mensonge d’état, donc perte de crédibilité et méfiance généralisée. Et on se souvient comment des mensonges d’état ont pu justifier des guerres : pour les États-Unis, au Vietnam, puis en Irak où il était question de retrouver et de neutraliser des ADM. Pour la Russie qui aujourd’hui prétend dénazifier l’Ukraine.

Il faut donc sans doute construire des prisons, au moins pour que les détenus y vivent de manière digne et ne dorment pas sur des matelas posés à même le sol, des centres clos pour y garder les OQTF en attente d’expulsion. Évidemment, il faut que la justice soit apolitique (condition de son indépendance), et donc dissoudre le Syndicat de la magistrature. Et puis contrôler nos flux migratoires, afin d’accueillir dans de bonnes conditions, le maximum raisonnable de gens que nous pouvons intégrer, assimiler, compte tenu de nos capacités d’accueil. Mais il faut surtout se poser la question de l’institutionnalisation du mensonge, de l’omniprésence et de la pollution de la publicité de produits utilisée pour vendre une idée, un homme politique comme on vend un autre produit de consommation. « On se lève tous pour un candidat comme on se lève tous pour Danette », même méthode. Et peut-être ne plus accepter que l’on prétende nous faire vivre en démocratie, alors que nos systèmes occidentaux le sont de moins en moins et que le sort des gens se règle sans eux, ailleurs, par de hauts fonctionnaires non élus vivant non seulement « hors sol », mais « entre eux ». C’est-à-dire redonner du pouvoir au peuple, et donc s’attaquer aux partis politiques. Citons Arendt « Les partis, en raison du monopole de la désignation des candidats qui est le leur, ne peuvent être considérés comme des organes du Peuple, mais, au contraire, constituent un instrument très efficace à travers lequel on rogne et on domine le pouvoir populaire ».

Et puis réinterroger ce que l’on nomme société de masse, ou société consumériste ; et se souvenir qu’avant de parler des droits accessoires de telle ou telle minorité, il faudrait déjà garantir à chacun les droits fondamentaux. Arendt les voit ainsi : « Les « trois grands droits premiers : vie, liberté, propriété … » Et j’adhère à cela. La vie, elle nous est de plus en plus chichement comptée, quand l’essentiel de notre temps, de notre énergie, est consacré à survivre – survie contre, survie malgré… La liberté, faut-il en parler ? Elle disparait progressivement en Occident, comme disparait la sphère privée. La propriété privée ? Tout est fait pour que cette propriété soit confisquée entre les mains des plus riches – de moins en moins nombreux et de plus en plus riches – et pour contraindre les autres à vivre à crédit, en location, de manière précaire, à la merci du Marché, de l’État et des aléas de la vie.

Et, disant cela, je ne m’égare pas. Nos institutions et ceux qui les font exister ne nous représentent pas, ne défendent pas nos intérêts, ne nous protègent plus, ne nous écoutent pas ; et quand, fait devenu rarissime, le peuple est consulté par référendum (29 mai 2005) et que sa réponse ne convient pas aux élites, alors on méprise et contourne cet avis. Comment s’étonner alors que les Français – ne parlons que d’eux – ne fassent pas confiance à leurs dirigeants et aux services de l’État ? Alors oui, dans ces conditions, on ne peut s’étonner de la ruine de l’Autorité. Et il est alors logique que l’image du Général de Gaule soit si présente dans les médias.

Mais concluons ce long article. Nous vivons bien une crise de l’autorité, dont la classe politique est le principal responsable. Cette crise est une crise de la défiance. Et on n’y répondra pas par une augmentation de la répression, un nouveau rabotage des libertés individuelles. Mais en s’attaquant aux réseaux sociaux, en confinant la publicité dans des espaces plus étroits, en recréant des universités et des médias institutionnels, moins politisés, plus laïcs, expurgés du wokisme. Qu’attend-on des institutions ? Qu’elles nous protègent, nous rassurent, fassent baisser notre niveau de stress, nous offrent un cadre stable, sécurisé à nos activités ; que l’État nous gère en bon père de famille, avec douceur et autorité. C’est tout le contraire que nous constatons. Un état incompétent et irresponsable.  

Toujours les valeurs

Les trois ennemis les plus radicaux de l’homme sont l’Homme, l’État et la Technique. L’homme, car l’homme ne se respecte pas lui-même et se montre, malgré les injonctions religieuses et les prétentions philosophiques, incapable de maîtriser ses pulsions et de se tenir ferme et droit. L’espèce humaine est généreusement dotée de la faculté de penser et de discourir. L’homme réfléchit donc un peu et bavarde beaucoup, mais tout cela est stérile. Depuis la création des premières écoles philosophiques grecques, nous n’avons pas avancé d’un centimètre. C’est vrai qu’Octave-Auguste avait ouvert à Rome des bibliothèques ouvertes au Public. C’est vrai que Marc-Aurèle, maître du monde occidental, était un philosophe stoïcien sincère. A quoi cela a-t-il servi ? C’est juste, le Bouddha, le Christ… mais ils n’ont pas changé l’homme. Le fils de Dieu, fils et Dieu à la fois, un dieu omnipotent, n’a pas changé l’homme. Il n’a rien réglé. Il est mort, est revenu, mais ne reviendra pas. Joyeuses Pâques !

La technique, car faute d’être un moyen de libération de l’homme, elle le déshumanise, le réifie, le transforme en objet, en produit, et le gère comme un problème qui attendrait sa solution. Constatons aussi que chaque progrès qui règle un problème, en crée deux nouveaux qu’il lui faudra alors régler, justifiant sa totale prise sur nos vies. Et le progrès, convenons-en, n’est pas au service des gens, mais du Marché.

L’État, parce que son essence est toujours totalitaire ; et que, si l’on ne voit pas bien comment s’en passer, il faut alors le qualifier de mal nécessaire, un mal qui a deux visages : le technique et le bureaucratique. Et si le moindre mal est un État démocratique et laïc, le pire est un État religieux. Mussolini, qui a inventé le concept de fascisme, prônait un totalitarisme d’État, nationaliste et méprisant l’individu. Mais que le pouvoir soit concentré entre les mains d’un État aux ordres d’un leader, d’un guide, d’un grand timonier, d’un petit père des peuples, ou d’une assemblée de prêtres interprétant des textes ambigus, ou encore d’un parti unique autoproclamé représentant du peuple, c’est toujours le même totalitarisme, la même dictature, la même violence, la même absence d’état de droit, le même traitement des opposants, la même négation des libertés individuelles et des autres droits humains fondamentaux. Et le droit d’expression écrasé par la propagande bien-pensante de l’État. Et c’est cela qu’il faut combattre, et avec la même détermination, ici et maintenant, l’islamisme, le mélenchonisme, certaines dérives liberticides macronistes. Nicolas Gomez Davila résume bien la situation « L’État moderne réalisera son essence lorsque la police, comme Dieu, sera témoin de tous les actes de l’homme ». Orwell, dans sa fameuse dystopie, ne raconte pas autre chose. Ici, nous n’y sommes plus très loin, même si la Chine a pris un peu d’avance. Encore un effort M. Macron, ou bien ce sera M. Retailleau qui ne demande que ça, mettre des caméras dans nos salles de bains pour vérifier que nous changeons de caleçon aussi souvent que l’Ademe le souhaite ; ou bien Mme Le Pen qui ne s’intéresse pas à ces sujets, ne souhaite pas renverser la table, mais s’y attabler en salivant, convaincue que son rond de serviette l’y attend déjà.

Mais la question des valeurs est centrale. Par exemple, dans un pays laïc, l’apostasie est un droit, une liberté. En Islam, c’est un crime puni de mort. Rappelons que longtemps, en Occident, si être apostat vous valait la prison et la torture, être relaps, c’était le bûcher assuré, au nom de l’orthodoxie morale, du Bien, de Dieu, du Dieu aimant et miséricordieux des Évangiles. Et on voit aujourd’hui comment la question de la fin de vie gêne les catholiques… Suicide ? vous avez dit suicide ?

Oui, la question des valeurs est centrale. L’actualité me ramène donc à Trump qui la chevauche à sa façon, en cow-boy ; à Vance qui nous interpelle sur la censure en Europe, à Elon Musk qui est sur la même ligne, mais s’effraie des droits de douane… Je ne doute pas que le Président étatsunien ne commence aucune de ses journées sans lire mon blog. Je lui suggère donc une idée : pourquoi ne pas créer une zone civilisationnelle, occidentale de libre-échange, sans aucun droit de douane ? Tout en la limitant aux pays occidentaux acceptant de signer et d’appliquer une courte charte des valeurs ? Ce serait l’occasion de les redéfinir, d’en finir aussi définitivement avec le wokisme et l’usage perverti de la théorie du genre, de réaffirmer, comme les Britanniques viennent de le faire – mais restés dans l’UE, auraient-ils pu le faire ? – que l’identité juridique des individus tient à leur sexe et non à leur genre – ce qui implique que dans une compétition sportive, un trans de genre féminin, mais porteur d’une 23e paire de chromosomes XY – même s’il a perdu une paire d’autre chose – étant bien, biologiquement, un homme, doit concourir avec les hommes ; et peut-être de promouvoir de nouvelles valeurs : Esprit de Responsabilité, Défenses des libertés individuelles, Solidarité, Sens de la justice… Cela exclurait de fait la Chine, la Russie, les pays islamisés, le wokistan, peut-être une partie des pays de l’EU, pour reprendre la rhétorique de Vance. Je remarque d’ailleurs en faisant une recherche web sur « valeurs occidentales » qu’il n’en existe aucune de clairement définie par un texte consensuel. C’est un concept flou et mou, comme une certaine gauche bobo les aime tant. Tant qu’elles ne seront pas affirmées et respectées, elles n’existeront pas. Quant à la Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est un texte non universellement reconnu, une déclaration de vœux pieux contestable. Et ses 30 articles sont mal écrits et tendancieux, donc très interprétables, donc inutiles… un exercice diplomatique creux, de la vraie politique… Et un terrain de jeu pour des juriste engagés qui peuvent produire une jurisprudence toujours plus exorbitante du droit ; ou pour des responsables politiques qui peuvent demander n’importe quoi, au prétexte que ce serait un droit de l’homme.  

Patriotisme

Notre Président en appelle au patriotisme des Français. Est-ce un appel aux jeunes Nahel Merzouk des banlieues ? C’est vrai que certains sont déjà formés à l’usage des armes à feu, et même si la kalach n’est pas en usage dans l’armée française, les armes de guerre se ressemblent un peu toutes.

J’ai un peu tardé à réagir tant j’étais sidéré par ses paroles. Et puis j’ai retrouvé cette citation de Nicolás Gómez Dávila : « Le patriotisme qui n’est pas adhésion charnelle à des paysages concrets est une rhétorique de pseudo-cultivés pour entrainer des illettrés à l’abattoir ».

Contribution citoyenne à une réflexion sur la violen

C’est donc un coup de machette fatal qui a tué Elias, ce gamin sortant de son entrainement de foot. Les agresseurs étaient des délinquants connus, non sociabilisés, et la victime un jeune parfaitement intégré au casier judiciaire vierge, notamment sociabilisé en équipe de foot. Le week-end dernier, c’est un jeune marginalisé, pourtant issu d’un milieu bourgeois, qui massacrait une très jeune fille en utilisant le couteau qu’il gardait dans la poche de sa doudoune – le foot sociabilise, les jeux vidéo désociabilisent en interposant un écran entre soi et les autres, soi et le monde. Depuis, une grenade est jetée dans un bar associatif par un inconnu armé aussi d’une kalachnikov. En en Allemagne, un autre jeune homme fonçant dans la foule et tuant ; puis en Autriche… Et la liste va s’allonger dans les jours et les semaines qui viennent… inexorablement. Fini les marches-blanches, les « plus jamais ça », fini les regrets pour ce qui ne serait que faits divers à répétition. Les politiques se taisent ou font de la communication sans que l’on sache bien s’ils croient encore à ce qu’ils disent. Surtout, Emmanuel Macron se tait et préfère jouer à l’IA comme d’autres à des jeux vidéo. Eric Piole déclare qu’il s’en fout, Anne Hidalgo, plutôt que de débattre avec son opposition, s’hystérise et en appelle aux tribunaux.

Notre classe politique est out, hors sol. Vance n’a pas dit autre chose à Munich. L’extrême droite en appelle à plus de répression comme si cela pouvait régler le problème. Alors qu’on a collectivement construit (pour les uns) et accepté (pour les autres) une société de plus en plus violente et qui a sacrifié sa jeunesse. Et certains semblent croire, ou feignent de croire qu’en étant plus répressifs, on peut réformer la société. Pascal Praud a tort sur ce point. C’est évidemment faux, d’ailleurs toutes les études le montrent, les jeunes faisant de la prison sont ceux qui récidivent le plus. Et plus les policiers sont armés – ils le sont aujourd’hui comme des soldats au front – plus la violence urbaine augmente. Et les caméras de vidéosurveillance n’ont jamais empêché le moindre délit ou crime. Alors, faut-il prôner le laxisme, le laisser-faire. Surement pas, il faut que la justice, chaque fois, passe, et vite, que les criminels soient condamnés à hauteur de leurs actes et fassent leur peine. La répression est donc nécessaire et doit encore se renforcer, mais ce n’est pas suffisant. Nécessaire mais pas suffisant. Il faut aussi et surtout tenter de régler le problème à la base. À savoir…

S’attaquer au communautarisme, à l’emprise des religions sur les gens, intégrer, assimiler, et tant qu’on n’y est pas arrivé, limiter l’immigration au droit d’asile – la personne directement menacée, son couple, ses enfants – et à une immigration économique dont le volume serait voté chaque année par l’Assemblée nationale. Une immigration sur dossier, et en privilégiant les individus parlant un minimum de français et ayant une culture compatible avec la nôtre. Et en privilégiant aussi, nous en avons le droit, les personnes diplômées ou ayant une vraie formation professionnelle. Et limiter considérablement le rapprochement familial.

Et il faut s’attaquer fermement à l’entrisme islamiste, aux promoteurs du djihad, et à tous ceux qui préfèrent la charia aux lois de la République.

Mais il faut aider ces nouveaux entrants : vrai parcours d’intégration d’une dizaine d’années, logement décent assuré, parrainages locaux, formation « régulière » à la citoyenneté française et au respect de nos valeurs : liberté, esprit de responsabilité, solidarité, laïcité.

Il faut aussi porter une attention particulière aux jeunes de seconde ou de troisième génération d’immigrés, mais aussi aux jeunes Français de souche, comme le meurtrier de Claire. Par exemple par une évaluation systématique et individuelle à l’entrée en sixième, puis au collège et au lycée par un psychologue capable d’identifier des enfants en échec de sociabilisation, en souffrance, présentant des problèmes psychiatriques. Une notation, par exemple vert-orange-rouge, conduirait pour ceux qui le justifient à un « complément d’enquête » et un suivi géré par un organisme spécifique, lui-même géré par l’Éducation nationale ou cogéré avec le Ministère de la Santé. Un organisme qui serait en lien avec les services de police et de gendarmerie et aurait connaissance des signalements à ces services. Mais on devrait aussi envisager un service militaire et/ou civil, service citoyen, comme prolongement et conclusion naturels de ce suivi des jeunes, particulièrement ceux en difficultés, potentiellement dangereux pour eux et la socité.

Mais quantité d’autres évolutions doivent être envisagées, et des propositions ont été évoquées dans les médias, par exemple l’abaissement de l’âge de la majorité pénale – je remarque dans le même temps qu’au moins un parti politique prévoit dans son programme d’abaisser l’âge de la majorité civile à 16 ans ; la prolongation du temps d’incarcération des OQTF en dépit des normes européennes, dont il faut avoir le courage de s’affranchir ; la construction de centres éducatifs fermés ; l’investissement dans la psychiatrie, etc.

Il faudrait donc déclarer le sujet de la violence des jeunes, grande cause nationale, et recruter des encadrants. Mais le chef d’État, sans le dire, car il se tait, semble s’en moquer. Cela couterait de l’argent. Oui, sans doute. Cela nécessiterait des recrutements. Oui, sans doute, mais il y a tant de fonctionnaires qui ne servent à rien, tant de Français chômeurs qui ne font rien et qui, pour un certain nombre d’entre eux, le regrettent.

Mais calmons-nous, il ne se passera rien d’ici 2027 et probablement rien après. Les programmes de la droite et de l’extrême droite sont essentiellement répressifs. Messiers Philippe ou Attal ou Hollande ont déjà fait leurs preuves. Le programme du NFP est, sur ce point, et sur quelques autres, indigent ou consternant. Messieurs Retailleau, Vauquier ou Darmanin n’ont aujourd’hui rien proposé de global ou de cohérent. Il faudrait un référendum, mais l’État profond technocratique qui nous gouverne considère que le peuple est trop puéril pour pouvoir trancher sur ce qui le concerne.

Le monde change, l’histoire avance à marche forcée. L’image de Donald Trump et de Vladimir Poutine réglant le problème ukrainien dans le dos de l’Europe est signifiante. La France n’était pas sur la photo de la conférence de Yalta, mais le Général de Gaulle avait néanmoins réussi à s’imposer dans le camp des vainqueurs, puis à promouvoir avec Konrad Adenauer le rapprochement avec l’Allemagne. Mais il avait un talent et surtout une autorité, une légitimité que Macron n’a pas. Il incarnait… Ce dernier travaille aujourd’hui à notre effacement. Incapable de s’imposer à l’Amérique, à la Russie, ridiculisé par l’Algérie ou les Comores, il a réussi à rabaisser notre pays au rang d’une province touristique d’un empire européen dirigé par une chancelière allemande. Il reçoit les uns et les autres en grande pompe, joue les maîtres d’hôtel et les amuseurs pour la bonne société qui compte. Les Français ont honte…