Archives de l’auteur : Pascal MOUNIER

Un maire jette l’éponge

Maire de St Brévin

J’entends ce matin à la télé Bruno Le Maire s’offusquer des agressions subies par l’édile démissionnaire de Saint-Brévin, s’en scandaliser – c’est la moindre des choses – et en appeler à plus de répression. On ne peut évidemment qu’être choqué par le sort fait à Yannick Morez et je ne chercherai aucune excuse à ceux qui ont brûlé ses voitures au risque d’incendier sa maison. Mais on aurait pu attendre du ministre autre chose que des propos de circonstance, sans profondeur, donc sans intérêts. Aucune analyse…

Cette classe politique énarquienne est décidément, soit d’une grande médiocrité, ce que j’ai peine à croire, soit experte en enfumage. Ce qui est facile, quand on est bien formé à ce jeu pervers et face à une journaliste qui vous sert la soupe.

Je le redis assez insistance à qui veut bien m’entendre radoter, notre société déliquescente est bien confrontée à des problèmes existentiels que je hiérarchise ainsi – voir mes derniers ouvrages parus : la perte progressive des libertés individuelles, la destruction systématique de notre environnement naturel, la montée irrépressible de la violence. Ma liste ne s’arrête pas là.

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Légitimité démocratique

Alors que les relations entre décideurs et usagers se tendent et que les conflits sociaux augmentent en nombre et en intensité, les procès en illégitimité fleurissent. Et je voulais évoquer les trois formes de légitimité que l’on peut « légitimement » invoquer.

Il y a certes la légitimité représentative, en politique et pas seulement, qui permet de se prévaloir d’un mandat – plus ou moins impératif. Évidemment, quand on est élu avec un taux record d’abstention qui voisine ou dépasse les 50%, cette légitimité sortie toute propre des urnes est entachée. Et c’est l’un des avantages, et non des moindres, de l’élection des députés par le sort. S’affranchissant du vote, il évite cet écueil.

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Réactionnaire assumé

J’entendais récemment Michel Onfray répondre, alors qu’on le présentait comme un gaulliste de gauche, qu’il était prêt à abandonner le qualificatif « de gauche ». Qu’a-t-il voulu dire ? Il ne s’en est pas expliqué. Personnellement, plus je crois comprendre de Gaulle, plus je me sens gaulliste, mais sans rien renier de mon enracinement à l’extrême gauche d’un échiquier qui n’est qu’une façon comme une autre d’opposer les uns aux autres, souvent sur des sujets mineurs, donc loin de l’essentiel ; et sur un schéma un peu étroit de lutte des classes.

De Gaule n’était pas de gauche, évidemment. Était-il de droite ou du centre ? À l’évidence, il avait une certaine idée de la France et du Peuple.

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Le progrès, cette foutaise…

Members of the gendarmerie run during a demonstration called by the collective “Bassines Non Merci” against the “basins” on the construction site of new water storage infrastructure for agricultural irrigation in western France, in Sainte-Soline, France March 25, 2023. REUTERS/Yves Herman

On me parle de progrès, je ne le vois pas. A-t-on réussi à empêcher les hommes de vieillir ? Non ! Nos EHPAD regorgent comme nos décharges publiques. A-t-on éradiqué la pauvreté ? Non ! En France, elle serait stable à un niveau de 14,6% de la population, et les écarts entre riches et pauvres ne cessent de s’accroitre. A-t-on réussi à construire ici des sociétés apaisées, sans haine ? Non ! La violence est le second trait de notre modernité, et l’Etat y prend sa part : perte des libertés individuelles, augmentation des violences, destruction de l’environnement, etc. A-t-on mis fin aux guerres ? Non ! Après Poutine, Xi Jinping est prêt à sacrifier à son rêve impérialiste la paix du monde. La démocratie a-t-elle progressé quelque part ? Non, non et encore non ! Par contre, la planète n’a jamais été si mal en point et les humains si exploités, tant encadrés, surveillés. Le projet européen offre-t-il quelques espoirs à notre continent ? Non ! Le monde qu’il nous prépare est « digne » de la plume d’Orwell.

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Croire

Ne parlons pas des athées…

Écoutant Éric-Emmanuel Schmitt présenter son dernier livre, « Le Défi de Jérusalem », je me disais qu’il y a une différence radicale entre celui qui croit, car il sait qu’il ne sait pas et en est donc réduit à croire, quitte à aller jusqu’à croire bien que ce soit absurde, voire parce que c’est absurde, et celui qui ne croit pas et doute, car il sait qu’il ne sait pas et ne croit donc pas et voit bien que tout cela est quand même absurde. Et de me dire que cette différence, malgré la question de la révélation, est proprement psychologique.