Monsieur le Président,
Je vous écris une lettre, que vous lirez peut-être, mais sur un autre sujet… La presse s’est fait l’écho du projet de construction d’une Très Grande Mosquée dite Eyyub Sultan à Strasbourg et du soutien de la majorité du conseil municipal qui semble prête à participer à son financement. Et, citoyen ordinaire et inquiet de la France profonde, j’aimerais savoir si vous comptez vous saisir vraiment de ce dossier.
Je n’imagine pas que vous me répondiez que ce dossier est local, que vous n’avez pas les moyens d’intervenir, que les choses se font sans violer notre droit. Non, vous ne me répondrez pas cela, car ce dossier si sensible touche à nos valeurs, et vous avez plusieurs fois fait état de votre sensibilité aux valeurs de notre république dont vous êtes aujourd’hui le premier des magistrats et une autorité morale. Et puis, ce dossier qui implique M. Erdogan, dont on connaît les mots aimables dont il sut vous gratifier, touche aux affaires étrangères, domaine réservé des présidents, et me semble enfin peu en ligne avec vos projets de légiférer contre le séparatisme.
Sur le premier point, celui des valeurs, vous savez infiniment mieux que moi que le préambule de notre constitution rappelle que notre pays est une République démocratique laïque et sociale. La laïcité s’exprimant dans la loi de 1905 et dans d’autres textes subséquents. Vous ne manquerez pas de me rappeler que cette loi ne s’applique pas sur tout notre territoire et précisément pas en Alsace. Ce qui permet aux édiles de la capitale de la région Alsace-Champagne-Ardenne de participer au financement de la future mosquée, en ne respectant pas la loi de 1905, donc le principe de laïcité, mais sans déroger au droit. Mais si le respect du droit est l’affaire du judiciaire, votre haute fonction vous fait gardien de nos valeurs nationales.
En second lieu, vous ne pouvez être indifférent à l’idée de voir ici une mosquée financée, puis gérée par la Turquie de M. Erdogan, par l’un de ses bras armés, l’organisation islamiste turque Millî Görüş.
Enfin, comment peut-on imaginer se battre contre le séparatisme de certains ultras et permettre que soit construite à Strasbourg, non pas une « grande » église coranique, mais un « village » islamique avec école et commerces. Qui peut imaginer que les non-musulmans pourront accéder à ces lieux ? Si M. Erdogan réussit à imposer à la France, dans la capitale d’une EU qui lui a longtemps laissé croire à sa possible adhésion, avant de la lui refuser, un tel village turco musulman qui fonctionnera de manière autonome, séparée, comment allez-vous pouvoir dans le même temps lutter contre le séparatisme et pour la cohésion nationale ?
Je pourrai aussi rappeler les positions du Président turc sur les droits humains et sur l’égalité homme-femme. Mais vous savez tout cela bien mieux que moi. Il n’empêche, a-t-on vraiment besoin de financer sur notre sol, un nouveau lieu de propagande d’un état qui méprise nos valeurs et ses dirigeants ? Peut-on accepter qu’un État inamical, voire ennemi, finance, puis dirige en France une mosquée où viendront s’agenouiller des Français ?
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma respectueuse considération.