De l’amitié à l’affection, il n’y a qu’un pas, celui de l’engagement. Et s’il y a possiblement une grâce, au sens chrétien du terme, une possibilité d’être sauvé de la pourriture, de ce que l’on nomme parfois pesanteur, parfois entropie, une possible grâce en quelque lieu temporel et relationnel, non pas au bout du chemin, mais au détour d’une sinuosité, c’est d’affection qu’il s’agit. « La pesanteur ou la grâce » pour m’inspirer du titre d’un recueil de textes de Simone Weil… qui ne cessent de me perturber…. Être condamné ou sauvé.
Je continue à prétendre, sans trop plus savoir ce que cela veut encore dire, que je ne suis pas croyant, mais si Dieu et Diable sont des images qui peuvent faire sens, c’est en affirmant que d’un côté se situent l’amour et le respect, et de l’autre la haine et le mépris. Amour et respect, nous voilà de retour à l’affection et à la grâce de la rencontre. On peut sans doute tout supporter, ou du moins tant de choses laides, tant de moments stériles, mais à condition d’être compris, c’est-à-dire d’exister dans un autre regard, Dieu si l’on y croit, un animal de compagnie peut-être, un ami véritable surement… Sans quoi l’affection n’est qu’un faux semblant, une politesse de l’âme. Non pas que je conteste la politesse, qui devrait être l’éthique première de toute personne responsable, mais j’attends plus que cela… de l’affection, une attention sincère. Mais pourquoi vous ennuyer avec tout cela ? Je vous l’avoue, ma solitude me pèse souvent, comme son corps au pendu… c’est un gouffre que ni ma vie sociale ni ma vie familiale ne peuvent remplir. C’est dit, même si c’est folie de le dire ainsi, de le dire ici – mais qu’importe, je ne suis pas lu…
Je m’en faisais l’amère remarque : un vieux fou est condamné deux fois par la vie : il est vieux, ce dont il se passerait bien, et il est fou… est-ce bien sa faute ?