L’appel d’Eton Musk

Il y a deux jours, je lisais sur le site d’un journal économique français : « ChatGPT et l’IA menacent 300 millions d’emplois dans le monde, selon Goldman Sachs ». Et je me rends compte que j’ai une innovation de retard et que je ne connaissais pas la technologie ChatGPT. C’est, si je comprends bien, un « prototype d’agent conversationnel », autrement dit un modèle de langage utilisant l’Intelligence Artificielle et capable d’apprentissage automatique. Il peut donc comprendre les contextes et les intentions de ses interlocuteurs et fournir, en temps réel, des réponses précises et pertinentes. C’est donc, si je comprends toujours ce que je lis, une « intelligence » capable de remplacer l’humain de manière pertinente et crédible dans une « relation conversationnelle », en apprenant de son interlocuteur pour mieux lui répondre, pour interagir avec lui de manière plus humaine. C’est donc de l’IA adaptée à la relation … Lire la suite…

Trois séquences, une même frustration…

En créant ce blog, je n’avais aucune prétention à la toutologie. Oui, je n’ai appris que récemment le sens de ce terme si peu flatteur de « toutologues » appliqué à certains chroniqueurs qui savent avoir des idées sur tout et s’en faire un métier. Mon désir, c’était la philosophie, non pas de faire preuve d’érudition pour traiter de l’ontologie de ce qui est ou du sexe des anges, et se présenter à l’occasion comme spécialiste de l’histoire des concepts, mais simplement tenter de jeter un certain regard sur les choses. Et peut-être d’essayer de penser à haute voix – « la voix de l’âme », ce que d’autres ne pensent pas, ou pas comme ça. Et si je ne commente pas souvent l’actualité, c’est déjà parce que des travaux d’écriture, laborieux, me retiennent ailleurs ; en second lieu, parce que j’aime avoir un peu de recul sur ces choses … Lire la suite…

Libre de caractère

Le problème de l’idéologie, c’est moins de réduire la réalité à l’idée qu’on s’en fait, à ses désirs, que de construire des châteaux sur du sable, c’est-à-dire de développer des théories, justifier des doctrines, puis des projets sur des analyses fausses ou tronquées. Et quand ces constructions intellectuelles, une fois la toiture posée, montrent leur incohérence, il reste encore à affirmer comme Tertullien : « j’y crois parce que c’est absurde ». Et en politique, comme en religion, c’est un peu la même chose : un défaut d’humilité, une foi déraisonnable dans des constructions purement idéelles, pour ne pas dire idéales. Et c’est sans doute pourquoi je suis un militant de l’irréligion, non encarté, et pourquoi je défends une forme de laïcité et de démocratie, car je suis « un homme de peu de foi » ; en fait, assez fondamentalement, et pour des raisons congénitales, un incroyant. Et si … Lire la suite…

La question des retraites

Faute de connaître, au fond, les termes de ce débat sur les retraites, j’en reste à regretter que ce ne soit pas l’occasion de se questionner sur le travail, sa valeur, sa très forte centralité dans le système social occidental. De ce point de vue, on peut d’ailleurs relire l’excellent essai de Dominique Méda sur le travail (peut-être un peu daté). Mais sans doute faudrait-il alors, comme chaque fois que l’on prétend philosopher, passer par la case « épistémologie » pour interroger le sens de ces concepts. Au moins pour distinguer l’activité, le travail, l’emploi. Parce que nous sommes des homo habilis, le travail est notre essence – je pense qu’Hannah Arendt ne disait pas autre chose dans « Condition de l’homme moderne », quand elle parlait de « vita activa ». Il consiste à produire des richesses ; non pas à se créer des revenus, ça, c’est le rôle de l’emploi, comme c’est celui de la … Lire la suite…

Nostalgie

J’ai du temps, je range des trucs. Autant le faire pour éviter à mes héritiers cette corvée. Ils auront suffisamment à faire ; et préfèreront s’intéresser à la cave. J’ai gardé de mon enfance mes albums de timbres. Je les retrouve, sans doute devrais-je les donner à l’un de mes petits-enfants. Mais cela peut-il intéresser l’un d’entre eux ? Je feuillète les grands classeurs Yvert & Tellier, des souvenirs d’enfance me remontent aux narines, tendres effluves d’un temps lointain. Gamin, je préférais passer des heures studieuses à classer des timbres, alors que mon frère ainé allait, lui, jouer au football avec ses copains ; il était plus balaise que moi. Je regarde ces petites vignettes qui magnifiaient la France : personnages célèbres, sites touristiques de la métropole et de nos anciennes colonies. Mon esprit s’évade et je revois aussi les trains des années de ma jeunesse, avec leurs compartiments et les … Lire la suite…

Encore un matin

Tout est lié, et je ne sais si le dire relève du simple truisme ou d’une découverte politique. Mais la question du souverainisme, si clivante, c’est aussi celle, plus sociale, voire psychologique, de l’individualisme (versus conformisme), car la nation est aussi à l’image des individus qui la composent. Et c’est encore, celle, douloureuse, de la démocratie, c’est-à-dire la question de la liberté des citoyens à décider par eux-mêmes de ce qui les concerne et de faire tout ce qui ne nuit pas à la liberté des autres ou à la paix civile. Car comment pourrait-on exiger que notre nation soit souveraine, si chacun d’entre nous, à son niveau singulier, n’est pas capable de se déterminer par lui-même et n’est pas autorisé à mettre sa vie en accord avec ses convictions intimes ? Personnellement, je nous vois, en occident, et particulièrement en France, confrontés à un certain nombre de problèmes majeurs, létaux, … Lire la suite…

Un simple constat

Il y a les vrais problèmes et les autres qui méritent moins qu’on abatte des arbres pour produire du papier, et fasse couler de l’encre pour écrire des essais censés en faire un semblant d’analyse et alerter les gens sur ce qui se passe. Le vrai problème crée un dégât irréversible, voire vital : par exemple l’extinction d’une espèce vivante, le réchauffement climatique ou la fin de l’humain tel que nous l’avons connu et que la philosophie antique l’a décrit (un animal politique). Le faux problème est moins inquiétant et peu parfois attendre. Et puis les médias sont là pour en faire leurs colonnes et les traiter en boucle – le choc des images et l’indigence des mots… Mais s’il faut s’intéresser aux vrais problèmes, c’est bien parce qu’ils créent des dommages insurmontables et irréversibles, du moins à partir d’un certain point d’irréversibilité qui a justifié l’invention des concepts de principes … Lire la suite…

Etiologie d’une décadence

Si la question migratoire qui focalise tant l’extrême droite pourrait se regarder tout autrement dans un tout autre contexte, elle devient aujourd’hui non pas critique, mais létale. Car l’Occident est effectivement confronté à des attaques extrêmement violentes dans un contexte de décadence – je renvoie à mon essai « Etiologie d’une décadence. Et il est sidérant de comparer notre situation à celle de l‘Empire romain des premiers siècles de notre ère : une civilisation décadence, incapable, faute de volonté, de se défendre, par ailleurs confrontée à des hordes de barbares (barbares, au sens antique du terme, c’est-à-dire extérieur à la civilisation romaine) qui pénètrent l’Empire et le pillent après avoir fracturé son « limes » ; et dans le même temps détruite de l’intérieur par une secte religieuse qui l’infecte et finira par avoir le dessus – pour reprendre la formule du Lucien Jerphagnon, « l’agneau aura mangé la louve »[1]. … Lire la suite…