La blague des valeurs

L’usage perfide et immodéré de la com et la réification du monde sont les deux causes principales de notre décadence. On parlait hier de réclame et de propagande, aujourd’hui de com ou de discours politiquement correct. Mais c’est un peu la même chose, une nouvelle forme de l’enfumage politico-médiatique, de nivellement par le bas et d’adaptation des masses au monde orwellien. C’est d’ailleurs l’objet de mon dernier livre – qu’on me laisse me faire un peu de pub : « Etiologie d’une décadence » Etiologie d’une décadence; l’acheter, c’est me soutenir.

Mais là, je voulais faire écho au document bancaire que je reçois et qui évoque les valeurs de ma banque : « l’humain, la confiance et la responsabilité ». Du grand n’importe quoi, comme disent les jeunes…

L’humain ? On s’étonne. Ce n’est déjà pas une valeur en tant que telle, et qui peut croire qu’une banque s’y intéresse quand l’essentiel de ses forces est tendu vers une tout autre « valeur », le profit.

La confiance ? On en rirait. Quand on voit ce que les banques exigent à qui veut obtenir un modeste crédit, comment les contrats qu’elle propose à leurs usagers sont obscurs, écrits en petits caractères, non négociables, alors on se dit que la confiance n’est à l’évidence pas du côté de la banque et de ce fait, surement pas du côté de l’usager.

La responsabilité ? C’est à pleurer. À l’heure où les cadres en agence n’ont plus aucune responsabilité, si ce n’est de nourrir des automates qui font ce travail « responsable » qui était le leur il y a encore quelques années, on voit bien que le personnel bancaire ne fait plus qu’un travail « irresponsable » au sens du concept développé par le philosophe américain « Matthew B. Crawford » (Éloge du carburateur – Essai sur le sens e la valeur du travail).

Tout cela, c’est de la blague, pour le dire poliment. Et moi, je rêverais d’une banque dont les valeurs seraient : Respect du client payeur, honnêteté, transparence. Et je pourrai rajouter engagement sociétal. Oui, j’en rêverai, et cette autre idée de demander à ses clients une fois par an de noter la banque sur ces valeurs et de publier les résultats. Mais ne rêvons pas à la fin de ce néolibéralisme financier qui nous tue.

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