Faut-il répéter que voter ne sert à rien, objectivement, si ce n’est à maintenir debout un système moribond ; répéter que les partis politiques ne représentent plus personne, ne portent plus d’idéaux et aussi peu de valeurs ; répéter que leur existence encombrante et onéreuse est le principal obstacle à la démocratie ? Notre système politique est usé jusqu’à la corde et doit être repensé totalement. Et ses acteurs doivent prendre leur retraite. Mais il ne s’agit pas de faire une révolution, qui ne changerait rien, mais une Réforme au sens religieux du terme, c’est-à-dire un retour aux sources : je veux dire aux sources de la démocratie. Qu’est-ce d’ailleurs qu’une révolution ? C’est un changement radical, voire violent, mais qui ne change que les hommes et les mots, donc rien d’essentiel. Le Tzar est remplacé par le petit père des peuples, et l’Empire russe par l’Union soviétique. Qu’est-ce que ça change ? Les rapports de pouvoir demeurent. Les pauvres sont toujours plus pauvres et ceux qui gouvernent se goinfrent. Est-ce populiste de le dire ? Non, ce n’est qu’une réalité historique.
Regardons la France, puisque j’écris dans ce beau pays. L’Ancien Régime a-t-il disparu ? Jamais ! Très vite, le Premier Empire a tout remis à sa place. Plus tard, de Gaulle a ressuscité la monarchie sous la forme du présidentialisme républicain, et Mitterrand en promouvant la régionalisation ressuscité la féodalité. Je raccourcis, évidemment, je caricature, sans doute ; mais n’est-ce pas le propre d’une chronique sur la toile d’aller au plus court. Et puis, un peu d’outrance… il faut rester fidèle à son style.
Il faut tout reprendre, tout reconsidérer, y compris cet héritage de la Révolution française : la partition droite – gauche. Pourtant, je me considère encore de gauche même si je n’ai rien à voir avec le Parti socialiste qui n’est plus de gauche et depuis longtemps. Jean-Luc Mélanchon ? Non, merci ! Je lis dans mon quotidien : Mélanchon exhorte Fayard à ne pas publier « Mein Kampf ». Comment pourrais-je accepter cette prise de position ? Ne sait-il pas que la liberté d’expression, donc de publier est un principe démocratique non négociable ? Mélanchon justifie sa position en s’inquiétant d’un « monde sans mémoire ». Faut-il, pour se souvenir, interdire que l’on publie un livre, aussi contestable soit-il ? Faut-il effacer ce qu’Hitler ou Staline ont dit, ou fait ? Je ne sais pas si M. Mélenchon est de gauche, mais je ne saurais me sentir proche d’un homme politique qui défend par ailleurs Robespierre, l’ordre jacobin, et rêve, semble-t-il, d’un monde où le pouvoir peut autoriser ou interdire un livre.