Émeutes

Je n’aime pas chroniquer l’actualité, tant le font, et en boucle : un fait divers dramatique qu’on s’explique mal et qui a vu un policier tuer un jeune délinquant dans des conditions dignes d’une série télévisée. Il faudra que la lumière soit faite, que la justice passe.

Et puis ce nouvel embrasement qui a trouvé là son prétexte : déchainement de haine, bris de vitrines, pillages de magasins de marque, incendies et destructions de biens institutionnels. Et on nous dit que les casseurs les plus jeunes ont 12 ou 13 ans. Quid de leurs parents ?

Je l’ai écrit ici, mais aussi dans mes deux derniers livres, nos sociétés occidentales, valétudinaires, sont confrontées à des maux que l’on peut nommer – c’est déjà ça –, hiérarchiser, évidemment de manière subjective. J’ai fait l’exercice : perte des libertés individuelles, destruction de notre environnement, violence de nos sociétés. Voilà pour les trois premières – j’en ai comptabilisé cinq d’importance, je veux dire fatales. En fait, de la violence partout : celle d’un État liberticide, celle d’un climat perturbé, celle d’une société déboussolée et d’un Système prévaricateur. Et ce n‘est pas nouveau, un de nos anciens présidents prétendait vouloir kärchériser des banlieues que ses prédécesseurs avaient abandonnées à leur triste sort, au communautarisme et aux trafics les plus crapuleux. Qu’avait fait Chirac après les émeutes de 2005 ? rien de convainquant ! Car c’est toujours pareil, le Système produit de la violence qui explose de manière régulière. Et puis on tabasse, on discourt, on déverse de l’argent ici ou là, on balaye pour finir par tout mettre sous le tapis. C’est vrai, on installe aussi des caméras pour mieux surveiller les gens, et toujours on supprime d’autres libertés. Mais on ne touche pas au Système. Ici, ce sera pareil. On va ramener l’ordre, que ça prenne quelques jours ou quelques semaines, et puis tout repartira comme avant.

La répression est évidemment nécessaire, absolument nécessaire, car il y a le feu, mais que, surtout, ces individus ne veulent pas faire la révolution, n’ont aucun idéal, aucun projet de société. Et je ne parlerai même pas de révolte – des révoltés prendraient d’assaut l’Élysée ou le Palais Bourbon, pas un magasin de luxe ou une enseigne Lidl ; et voir un homme lâchement tabassé à dix contre un, parce qu’il défendait sa voiture qu’on voulait brûler, est-il acceptable ? Mais ce retour à l’ordre, nécessaire dans les délais les plus brefs, ne règlera rien et permettra, j’en fais le pari, de mettre en œuvre des mesures qui ne feront qu’aggraver la violence de nos sociétés qui deviennent chaque jour plus carcérales.

Notons encore l’extraordinaire responsabilité des deux chefs des partis politiques les mieux représentés à l’Assemblée, les duettistes les plus ridicules, les plus dangereux qui se puissent imaginer : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Quand Marine Le Pen, décidément beaucoup plus fine, allongée sur la barque sur laquelle les deux autres rames, se laisse gentiment mener à bon port. Elle se tait, sourit, rêve.

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