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L’humanisme est aussi une religion

Il faut se méfier de toute spéculation idéaliste en raison de son caractère religieux.

L’idée de Dieu, autrement dit le dieu des religions, résulte d’une tentative d’objectivation de l’essence de l’homme. Et cette tentative qui répond à un besoin anthropologique, participe d’une démarche culturelle, voire civilisationnelle. C’est pourquoi toute civilisation a un pilier religieux, et que toute culture a sa ou ses religions.

Regardons d’un peu plus près, ce qui se passe depuis deux ou trois siècles en Occident, et par exemple en France – mais l’exemple américain vaudrait tout autant. Nous avons coupé le chef de notre roi, et dans le même temps, sous la forme concordataire, rompu, ou pris nos distances avec la religion catholique. Mais nous n’avons pas aboli la monarchie. Nous lui avons simplement donné une forme plus aristocratique, et résolu de nommer nos monarques par la voie (ou la voix) des urnes, ce qui ne fait pas de nos régimes des démocraties. D’ailleurs, on voit bien cette évolution, plus évidente encore aux États-Unis d’une captation du pouvoir par des dynasties (les Kennedy, Clinton, Bush …). Et en France, nous y viendrons forcément, sauf à créer un jour, ici, une démocratie (non pas « formelle », mais « substantielle », pour le dire avec les mots de Fukuyama). Et s’agissant de la religion, les Lumières ont essayé, sans vraiment y arriver, de substituer au christianisme, une autre religion, une autre réponse à ce besoin d’objectiver l’essence de l’homme ; et cette spéculation idéaliste s’est appelée humanisme. Nietzsche n’était pas dupe, et quand il dénonce le romantisme, et notamment celui de Rousseau, c’est bien ce qu’il pointe. Il reprend d’ailleurs ainsi la terminologie de Stirner qui est très clair : «  On oppose les philosophes aux hommes religieux. Mais ont-ils pensé à quelque autre chose qu’à un idéal, ont-ils médité sur autre chose que sur le moi absolu ? Partout aspiration et espérance, et rien d’autre. Nous appelons cela du romantique ».[1]

[1]. L’unique et sa propriété.