J’écrivais donc : « Conservateur ou progressiste, question plus sotte qu’embarrassante… »
Essayons de retrouver la porte par où je suis entré dans ce dernier propos qui n’est pas celui d’un jour (plutôt un ressassement, une rumination), pour m’en sortir comme on s’échappe.
S’il n’y a pas de progrès au sens hégélien du terme, au sens où nous irions quelque part, c’est qu’il n‘y a en politique ni avenir ni passé et que l’Histoire échappe à toute prise axiologique ou sémiologique. Il n’y a dans l’évolution des choses qu’errance et fatalité, hasard et violence, en fin de compte, progrès et regrés comme l’avers et le revers de la médaille, le jour et la nuit.
Et puisque j’ai l’humeur un peu corrompue, celle d’une âme qui cherche désespérément des portes ; non pas pour entrer quelque part, mais plutôt pour sortir comme on revient de tout, quitte à les enfiler, ces portes, sans fin, je veux revenir sur cette idée – ce n’est qu’une intuition – qu’il n’y aurait ni passé ni futur. Je sens bien qu’il n’y a qu’une réalité présente à mes sens, qui est faite des sensations du moment, mais intimement mêlées de mes souvenirs qui les teintent, et de mes désirs auxquels elles font écho. Mais tout cela est un présent réel, une réalité présente à mon âme qui perdure et perdurera sans autre fin que la mienne, et qui change imperceptiblement à ma conscience dans cet éternel présent qui s’étire.
Conservateur ou progressiste ? Question plus sotte qu’embarrassante… En fait, l’innovation n’a d’intérêt que si elle apporte un vrai progrès, si les outils qu’elle forge et met à la disposition des gens impactent positivement leur vie, protège l’environnement, se mesure positivement sur le plan moral. Et sans leur faire payer tout cela trop cher. Et c’est de moins en moins le cas, et pour une raison simple : si le Marché innove, c’est pour garantir ou augmenter ses bénéfices, si l’État fait de même – et de manière de plus en plus violente –, c’est pour garantir ou augmenter sa maitrise de ses administrés ; et si les gens y trouvent parfois leur compte – toute nouvelle technologie ou norme n’est pas nécessairement mauvaise –, ce n’est qu’accessoirement.
Et le marqueur le plus pertinent est constitué par l’évolution de nos libertés qui, je veux bien l’avouer, m’obsède. Et je veux associer ici deux concepts, indissociables à défaut d’être totalement superposables, liberté et individualisme. Et c‘est pourquoi je fais ce choix de vous rebattre les oreilles de ce constat d’un « progrès » liberticide, mais pour éclairer cette question différemment… d’une lumière vespérale.
En fait de progrès, nous « régressons progressivement », si l’on peut dire ; et si la liberté et l’individualisme s’étaient longtemps développés en Occident au point d’en devenir des valeurs de référence – ce combat étant celui, double, de la démocratie et de la laïcité contre les totalitarismes idéologiques et religieux –, pour atteindre une acmé pourtant médiocre au milieu du XIXe siècle, depuis, il y a eu un retour des totalitarismes et une dissolution progressive de ces valeurs… accélérée à la fin des trente glorieuses.
Au moment où la laïcité est remise en cause par un islam conquérant, où la démocratie s’est embourbée dans le bureaucratisme (le gouvernement du peuple par les fonctionnaires et au profit de l’État) , les libertés individuelles ont été abandonnées au profit de très vagues libertés politiques (la liberté de choisir quel haut fonctionnaire nous imposera sa vision technocratique du monde), et les intérêts particuliers sacrifiés pour un intérêt général, qui est si général qu’il a cessé d’être intéressant.
Quant à l’individualisme, il a disparu dans une société massifiée et normée qui l’a dilué dans un conformisme tribal ou communautaire, parfois idéologique. Et à la vision économique d’un monde global, terrain de jeu d’un Marché transnational, répond une vision normalisatrice et totalisante de la politique, qui a déjà commencé à sombrer dans le totalitarisme bureaucratique.
Pourtant, on entend de la gueule de ceux qui ont l’impudeur de le dire, ces chiens de garde du pouvoir, mi-dogues mi-bichons frisés, que nos libertés augmenteraient et que notre problème serait d’être collectivement trop individualistes. Mensonges !
Nos sociétés occidentales sont embourgeoisées, c’est-à-dire massifiées et normées ; et accros à la consolation. Elles sont de plus en plus jouisseuses et égoïstes, car consuméristes, de moins en moins individualistes. Rappelons, quitte à lasser, que l’individualisme est une autodétermination, et que ce n’est ni du nombrilisme ni de l’égoïsme. Qui a encore l’envie ou la volonté de se déterminer par lui-même et d’échapper aux injonctions religieuses et aux ordres du Parti, au politiquement correcte, à la mode et à la fausse transgression promue par la com ? Le Système bicéphale (État-Marché), servi par la publicité, use de tous les moyens pour nous émasculer, nous empêcher de penser par nous-mêmes, pour nous empêcher de nous déterminer suivant nos propres valeurs, de devenir ce que nous sommes.
Je termine en évoquant l’un de ces derniers moyens d’émasculation : l’instrumentalisation de la légitime et nécessaire protection de l’environnement. Loin de l’écologiste radical que je suis le désir de nier l’effondrement, depuis un demi-siècle, de la biodiversité, ou la nécessité de réformes radicales de nos modes de consommation. Mais comment ne pas voir dans la communication du système qui l’axe sur la dérive climatique, une volonté d’effrayer, de culpabiliser, et de faire accepter aux gens l’inéluctabilité de la perte de leurs dernières libertés, pour le bien de l’humanité et de la planète ; et l’obligation « morale » qui leur est faite de vivre dans des cités panoptiques, en stabulation, comme ailleurs des poules ou des porcs confinés dans des petits espaces clos hygiénisés à fortes doses d‘antibiotiques, et gouvernés par des élites protégées, endogamiques, et demain transgéniques ? Et la séquence COVID a été révélatrice.
Mais sans s’attaquer aux vraies causes de la destruction de la planète : notre idéologie économiste et juridique, la croissance comme fin en soi, et notamment celle de la population, le consumérisme, le bureaucratisme, le poids de la publicité. Tout un système d’exploitation, un OS fatal.
Je ne voulais pas parler des émeutes, je l’ai fait. Et si j’y reviens, c’est que je n’imaginais pas que puisse se passer, dans notre pays, ce qui s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche au domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses. Vincent Jeanbrun était dans sa mairie ; son domicile a été attaqué, son épouse et ses enfants blessés et probablement traumatisés à vie.
On parle de violences urbaines, d’émeutes, de guerre civile à bas bruit… On cherche les mots pour désigner un phénomène nouveau, comme un médecin face à une maladie qu’il ne peut nommer et dont le diagnostic n’est pas décrit dans ses livres de fac. Nous en sommes précisément à ce point d’incompréhension, de sidération ; et si les journalistes montrent leurs limites face à des images qui se passent de commentaires, si les politiques font de la politique, les uns admettant qu’ils se sont tous globalement trompés, les autres qu’on aurait dû les écouter, on aimerait entendre des sociologues, des philosophes qui puissent proposer une analyse, mettre en débat des idées neuves.
Mais je vois que l’exécutif est serein, concentré sur sa tâche, mais calme et souriant. Car il sait que les violences vont se calmer, qu’il suffit de mettre toujours plus de forces de police sur le terrain, des hélicoptères si nécessaire, des drones ou des blindés ; et que ça va se calmer. Il voit d’ailleurs déjà le bout du tunnel et le dit avec satisfaction : « la dernière nuit a été plus calme » ; c’est comme pour la réforme des retraites : tenir, ne rien lâcher, déployer toujours plus de forces de police… Et puis, quand l’orage sera passé, l’exécutif pourra pérorer, nous montrer qu’il a gagné, qu’il a su ramener l’ordre, fait prévaloir la République, qu’il n’est pas tombé et s’en sort donc renforcé : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Car les émeutiers seront rentrés dans leur cité, démobilisés mais conscients d’avoir quand même gagné une bataille, de s’être bien défoulés, bien amusés, bien entrainés pour la prochaine fois.
Car au prochain prétexte, ils repartiront à l’assaut de l’État, des services publics, des bâtiments administratifs et des vitrines du Marché. Et ils le feront avec des armes à feu qu’ils possèdent déjà, et l’État leur opposera alors l’armée qui saura le défendre. Car rien ne changera. Une fois le calme revenu, le gouvernement passera à autre chose, feignant de ne pas voir la faillite de l’État. Évidemment, il aura appris quelque chose, comment mieux mater la rue, développer de nouvelles stratégies face aux violences urbaines. Il investira plus encore dans la police, équipant ses hommes comme des soldats en guerre, déversera encore plus d’argent dans les caisses d’associations douteuses pour financer le communautarisme, l’assistanat, le sentiment que par la violence on obtient à peu près tout ce que l’on veut. Et les médias flatteront et se pâmeront devant tous ces tenants d’une contreculture de merde qui « Nique Ta Mère », prône la haine des petits blancs. Et le Marché fera son beurre en promouvant une mode grunge pour que des bourgeoises parfumées et fardées jouent la prolo, comme hier Marie-Antoinette la bergère. Pourtant, ces gens n’aiment pas cette France qui les nourrit et les protège, se foutent de l’écologie, méprisent les femmes, ne respectent pas les vieux, sont souvent incultes et ignorent tout de l’histoire de leurs ancêtres.
Oui, cette séquence encore inachevée, on sait que la prochaine sera pire, et on se demande si le pouvoir ne s’en frotte pas déjà les mains, content d’oblitérer un peu plus nos libertés, ravi de justifier par le besoin d’ordre la construction d’une société de plus en plus carcérale.
Ces gens qui cassent, rappelons-le, ne sont pas des gens dans la difficulté – rien à voir avec les Gilets Jaunes –, ni des révolutionnaires – rien à voir avec Nuit Debout –, n’ont aucun idéal, aucune conscience politique, même s’ils sont parfois manipulés par des mouvements politiques ou religieux. Et ils sont, relativement « irresponsables », car « fabriqués » par notre Système politico économique, un système fatal que personne ne semble vouloir analyser et remettre en cause, ni Macron son premier défenseur, ni Mélenchon un marxiste qui méprise les gens pour mieux idéaliser le peuple, ni même Marine Le Pen qui n’a, au bout du compte aucun programme, si ce n’est d’accéder au pouvoir et d’en passer enfin le seuil.
Je n’aime pas chroniquer l’actualité, tant le font, et en boucle : un fait divers dramatique qu’on s’explique mal et qui a vu un policier tuer un jeune délinquant dans des conditions dignes d’une série télévisée. Il faudra que la lumière soit faite, que la justice passe.
Et puis ce nouvel embrasement qui a trouvé là son prétexte : déchainement de haine, bris de vitrines, pillages de magasins de marque, incendies et destructions de biens institutionnels. Et on nous dit que les casseurs les plus jeunes ont 12 ou 13 ans. Quid de leurs parents ?
Je l’ai écrit ici, mais aussi dans mes deux derniers livres, nos sociétés occidentales, valétudinaires, sont confrontées à des maux que l’on peut nommer – c’est déjà ça –, hiérarchiser, évidemment de manière subjective. J’ai fait l’exercice : perte des libertés individuelles, destruction de notre environnement, violence de nos sociétés. Voilà pour les trois premières – j’en ai comptabilisé cinq d’importance, je veux dire fatales. En fait, de la violence partout : celle d’un État liberticide, celle d’un climat perturbé, celle d’une société déboussolée et d’un Système prévaricateur. Et ce n‘est pas nouveau, un de nos anciens présidents prétendait vouloir kärchériser des banlieues que ses prédécesseurs avaient abandonnées à leur triste sort, au communautarisme et aux trafics les plus crapuleux. Qu’avait fait Chirac après les émeutes de 2005 ? rien de convainquant ! Car c’est toujours pareil, le Système produit de la violence qui explose de manière régulière. Et puis on tabasse, on discourt, on déverse de l’argent ici ou là, on balaye pour finir par tout mettre sous le tapis. C’est vrai, on installe aussi des caméras pour mieux surveiller les gens, et toujours on supprime d’autres libertés. Mais on ne touche pas au Système. Ici, ce sera pareil. On va ramener l’ordre, que ça prenne quelques jours ou quelques semaines, et puis tout repartira comme avant.
La répression est évidemment nécessaire, absolument nécessaire, car il y a le feu, mais que, surtout, ces individus ne veulent pas faire la révolution, n’ont aucun idéal, aucun projet de société. Et je ne parlerai même pas de révolte – des révoltés prendraient d’assaut l’Élysée ou le Palais Bourbon, pas un magasin de luxe ou une enseigne Lidl ; et voir un homme lâchement tabassé à dix contre un, parce qu’il défendait sa voiture qu’on voulait brûler, est-il acceptable ? Mais ce retour à l’ordre, nécessaire dans les délais les plus brefs, ne règlera rien et permettra, j’en fais le pari, de mettre en œuvre des mesures qui ne feront qu’aggraver la violence de nos sociétés qui deviennent chaque jour plus carcérales.
Notons encore l’extraordinaire responsabilité des deux chefs des partis politiques les mieux représentés à l’Assemblée, les duettistes les plus ridicules, les plus dangereux qui se puissent imaginer : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Quand Marine Le Pen, décidément beaucoup plus fine, allongée sur la barque sur laquelle les deux autres rames, se laisse gentiment mener à bon port. Elle se tait, sourit, rêve.
Ayant beaucoup et longtemps lu les philosophes de notre antiquité gréco-latine, je suis devenu à la fois épicurien, cynique, stoïcien…, successivement convaincu par les leçons du maître de Samos, ou de Diogène le chien, celui de Sinope, ou encore par celles des philosophes du portique. Ou du moins ai-je été séduit par chacune : ici la recherche du bonheur (et non pas du simple plaisir des sens) par une tempérance et un retour à l’essentiel, là un certain parti-pris du naturel et le refus des conventions morales, là encore une certaine indifférence aux émotions et l’idée de cultiver une âme forte. Car, au-delà de cette invitation à penser que nous offrent tous ces textes, ce sont bien les questions éthiques qui m’ont toujours passionné, et cette idée de quête d’un certain bonheur pouvant seul justifier la triste fin de l’histoire. Et il y a toujours quelque chose à prendre chez nos anciens dont les leçons se complètent, même si je garde une affectation particulière pour les stoïciens : d’abord les fondateurs de cette école, et puis leurs successeurs plus tardifs, dits « impériaux » – notamment Épictète et Marc Aurèle, car ils sont assez « faciles » à lire et forment, compte tenu de leur quasi-contemporanéité (une génération d’écart), un binôme remarquable : l’esclave boiteux grec et son disciple empereur de Rome. Rappelons que la difficulté d’un texte philosophique n’est jamais gage de sa qualité, quand la philosophie doit s’adresser d’abord à l’homme de la rue prêt à faire l’effort de penser, et non à une petite élite universitaire.
Et justement, je veux m’arrêter sur une expression très populaire et souvent entendue quand on fait face à un désagrément inévitable et qu’il conviendrait de « le prendre avec philosophie ». « Soyons philosophe », expression curieuse dans ce contexte où l’on comprend qu’il faudrait se résigner, quitte à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Mais cette formule réentendue hier et qui me fait régir aujourd’hui – le charme du journal… – est ambiguë et me renvoie bien aux leçons stoïciennes, notamment à cet « amor fati » que Nietzche reprendra, comme d’autres aspects plus métaphysiques du stoïcisme (notamment la palingénésie). Cette proposition éthique « d’aimer son destin » à laquelle j’ai eu tant de mal à adhérer, avant de la comprendre comme une foi en son destin et en l’ordre des choses. Et si j’utilise le terme de foi, c’est pour donner une dimension religieuse qui peut surprendre à ce qui est à la fois de l’ordre de la confiance et de l’amour : confiance en la vie, amour en la vie, amor vitae, amor vitae meae. Et c’est pourquoi, à l’imitation de Spinoza, j’aimerais écrire « Deus sive vitae ». Dieu, c’est-à-dire la vie. Et je l’écris d’autant plus volontiers qu’Épictète, stoïcien tardif, mort en 135 de notre ère, est assez platonicien et déjà préchrétien. Le stoïcisme premier étant clairement matérialiste.
Est-ce bien possible, de manière raisonnable, d’aimer la vie, cette « vallée de larmes », et de faire toujours contre mauvaise fortune bon cœur ? Sauf à noter l’ambiguïté de l’expression qui peut vouloir dire « ne pas se laisser abattre par l’adversité », mais aussi « l’accepter », donc s’en contenter. Ce qui n’est plus du stoïcisme.
Mais il me semble qu’Épictète ne tranche pas complètement une certaine dialectique qui ne pourrait l’être que par la foi. Il en est d’ailleurs toujours ainsi, la dialectique, comprise comme dépassement par le discours des contradictions constitutives d’une réalité, n’est souvent soluble que par la foi, quitte à faire cette pirouette de déclarer, à court d’arguments, « je crois parce que c’est absurde ».
On présente justement la doctrine de l’esclave Épictète comme une invitation à ne pas se laisser prendre par ses émotions, ses peines, ses colères, ses déceptions, ses regrets, mais à se concentrer sur ce qu’on peut faire, ce qui dépend de nous ; et c’est cela qu’il faut bien comprendre, en le reformulant peut-être en terme contemporain : « Cesse de te plaindre et de te laisser guider par tes passions ! et agit pour que ça change ! » – ce qui est, soit dit en passant, l’exact contraire de ce que l’on observe partout, l’opposée de l’attitude commune à laquelle nous sommes tous formés. Et j’aime cette doctrine de l’action tournée vers ce que l’on conçoit comme étant « bien ». J’évoquais une dialectique à résoudre, je la présenterai ainsi : avoir une conscience exacerbée que ce qui se passe – avoir l’esprit de responsabilité – connaître les limites de l’action individuelle ; en d’autres termes, « entreprendre sans espérer ».
Avant de conclure, je rajoute encore un ou deux points – ou des points de suspension à ces mots que je sème ici afin qu’ils germent et puissent développer une pensée. L’amor fati, cet amour de son destin, c’est aussi un apriori eudémonique. Si la recherche du bonheur, de l’eudémonie (du mot grec « eudaimonia » signifiant « béatitude ») est l’objectif de l’existence humaine, alors, pour le stoïcien qui a appris à aimer son sort, le bonheur est déjà acquis. Et c’est en prenant appui sur ce bonheur, ce goût de sa vie et de la vie, qu’il peut agir en trouvant dans ce bonheur les forces nécessaires, et dans l’exercice moral de ses forces, son bonheur. Pour un stoïcien, le bonheur n’est donc pas seulement un but, une finalité, c’est l’alpha et l’oméga de la vie. Et j’aime surtout cette liberté du stoïcien qui n’est pas attaché par l’émotion, lié par des sentiments. Car, pour qu’il n’y ait aucun malentendu, alors que je traitais Épictète, un peu rapidement, de préchrétien, en pensant moins à son éthique qu’à sa métaphysique, insistons sur le fait que le stoïcien est un esprit libre, et qui n’a aucune compassion ni pour lui ni pour les autres, à la limite peut-être de l’asociabilité…