Réactionnaire assumé

J’entendais récemment Michel Onfray répondre, alors qu’on le présentait comme un gaulliste de gauche, qu’il était prêt à abandonner le qualificatif « de gauche ». Qu’a-t-il voulu dire ? Il ne s’en est pas expliqué. Personnellement, plus je crois comprendre de Gaulle, plus je me sens gaulliste, mais sans rien renier de mon enracinement à l’extrême gauche d’un échiquier qui n’est qu’une façon comme une autre d’opposer les uns aux autres, souvent sur des sujets mineurs, donc loin de l’essentiel ; et sur un schéma un peu étroit de lutte des classes.

De Gaule n’était pas de gauche, évidemment. Était-il de droite ou du centre ? À l’évidence, il avait une certaine idée de la France et du Peuple.

Le Général n’a pu connaître Nicolás Gómez Dávila, dont les textes n’ont commencé à être modestement diffusés que dix ans après la disparition du chef de la France libre. Mais j’imagine qu’il aurait pu apprécier l’auteur monarchiste et très catholique de plusieurs recueils de scolies traduits en France sous les titres de « Les Horreurs de la démocratie » ou du « Réactionnaire authentique ». Le compatriote de Gómez Dávila, García Márquez, aurait dit, paraphrasant avec humour Alexandre, que, s’il n’avait pas été communiste, il aurait pensé entièrement comme Nicolás Gómez Dávila.

Et c’est exactement ce que j’aurais voulu pouvoir dire : Si je n’avais pas été un gauchiste libertaire, anti chrétien par ailleurs, j’aurais choisi d’être gaulliste en tout, voire d’avoir la lucidité de Gómez Dávila qui condamne ainsi notre modernité « Le libéral découvre toujours trop tard que le prix de l’égalité est la toute-puissance de l’État ». Oui, l’hypertrophie de l’État moderne condamne tout espoir démocratique.

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